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« En cette journée de joie où l’Église travaille au bonheur de tous en suppliant chacun de laisser la poussière de la terre marquer son front, nous prions pour la France, altière et sûre d’elle-même, mais oui ! Fière de son histoire, de sa culture, de sa langue, de son savoir-vivre, de sa verve, il faudrait dire de son esprit, et bien sûr de sa cuisine.
Cependant, par je ne sais quelle culpabilité liée à la puissance de son être, de temps en temps et par à-coups, elle se prend à vouloir renverser sa grandeur, jurant ses grands dieux auxquels elle ne croit plus qu’elle est prête à bazarder sa bonne soupe aux orties pour boire d’un trait le potage clair et insipide servi par un mondialisme sans avenir. C’est ainsi. N’en soyons pas étonnés.
« Il y a de tout, disait Montherlant, en certaines âmes, et parfois au même moment. » Et l’âme de la France n’échappe pas à cette loi. Aussi, sans doute est-il plus juste et plus efficace de prier aujourd’hui non pour notre pays dont on ne sait plus ce qu’il est et sous quel vent il fait la girouette, mais pour ses habitants qui, fort heureusement – j’en suis convaincu -, vénèrent, malgré les apparences, l’usage de leur liberté en la faisant parfois crisser sous une pointe d’insolence venue de ses gènes. Pourvu que nous ne perdions jamais le Nord de notre beauté et que, demain, nous refusions catégoriquement de nous mettre en rang ! Je prie à ces deux intentions et vous les envoie en plein coeur.
À vous, frères français qui habitez l’hexagone ou qui arpentez d’autres terres, à vous qui placez la liberté au-dessus de toutes les valeurs – on ne se refait pas – écoutez encore ou pour la première fois la voix du Christ qui seule met entre les mains de l’Homme les rennes de la vie ! Depuis deux mille ans, sans user de menaces ni agiter le hochet des récompenses, la voix christique supplie le coeur humain de se réfugier dans le camp de l’Évangile où les idées les plus heureuses parce que les plus altruistes mènent la danse du bonheur ! Mais bon sang ! Quand allons-nous les approuver et les danser jusqu’à l’éreintement ?
Les temps sont durs, qu’on se le dise ! Durs, autant dire, peu aimants.
Lors des derniers événements qui ont troué des poitrines humaines – pourquoi se cacher la vérité puisqu’elle rend libre ? – il y eut parmi les va-t-en-guerre et les fervents de l’Enfer, des catholiques pas assez chrétiens qui se réjouirent de la mort de leurs frères jugés obscènes, et ils l’étaient en effet, mais pas uniquement, du moins si nous considérons que certains de nos actes ne disent pas tout ce que nous sommes, et d’autres qui souhaitèrent tout bonnement, la langue fourchue et les cornes en avant, que tous les musulmans dégagent de notre pays ou soient passés au fil de l’épée.
Ah ! Il est grand temps que le Carême arrive ! Qu’à cela ne tienne, dit le Ciel impatient ! Le voici maintenant qui surgit en ce premier jour à portée de volonté pour prendre notre haine et la jeter dans la marmite du diable, cette fournaise de bêtise et de méchanceté d’où elle est sortie. En vérité, en vérité, je vous le dis : pendant ces quarante jours qui nous séparent de Pâques, il sera inutile que nous multiplions les prières et les eucharisties, il sera inutile que nous jeûnions des meilleurs desserts, il sera inutile que nous dressions des chèques aux oeuvres sociales, il sera inutile que nous formions de pieuses résolutions, si notre coeur – allons-y, notre coeur français – ne se décide pas à déverser dès aujourd’hui un torrent d’indulgence et de miséricorde sur tout homme, fût-il monstrueux dans ses pensées et son agir, jusqu’à désirer ardemment son salut éternel ! Ça, c’est du christianisme à l’état pur ! Et c’est cette pureté vécue pleinement par Notre Seigneur Jésus-Christ que Dieu attend de vous et de moi. Certains crieront à l’injustice, et, pire encore, décrèteront que les coupables doivent payer cher dans l’éternité leurs mauvais choix, et que si Dieu pardonnait de grand coeur à des assassins et à des blasphémateurs, sa justice en serait entachée. Quel blasphème ! Et que nous sommes loin ici du Lac de Tibériade !
Prions donc plus que jamais pour que tous les Français se rendent à la sagesse de l’Évangile et que, parmi eux, les catholiques que nous prétendons être se tiennent résolument à la hauteur de notre Mère Marie qui, sur le Calvaire, au milieu des insultes et des crachats, répondit à la haine qui maculait le torse de son Fils par une étrange dignité et par la démesure illogique de son amour. »
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