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De Chouan Lyonnais,
Dessin de Corsaire
Ces derniers jours, je me suis rendu compte que les français n’avait comme seule image de Lyon l’autoroute A7 passant au milieu. Il ne s’agit ici aucunement d’entretenir une querelle ridicule mais plutôt d’étoffer la culture générale de mes compatriotes car la connaissance du passé est un outil fondamental aujourd’hui pour construire l’avenir. Il n’y a pas si longtemps que cela, sur ce même site, un rédacteur a rédigé un article sur la ville de St Malo, sa ville natale. De la même manière je vais essayer de vous montrer comment cette ville merveilleuse qu’est la capitale des Gaules, a su s’épanouir à travers les siècles tout en gardant un esprit de résistance et d’humilité. Avant de commencer à entrer dans les détails de l’histoire rhodanienne, il faut savoir que Lyon doit être considérée comme la « grande soeur » de la France et de Paris ; Paris la magnifique mais Paris la fragile qui a souvent eu besoin de la résistance de cette grande soeur, entre autre, pour être soulagée de lourds maux.
Fondation et croissance
Souvent on attribue la fondation de la ville aux romains, or dès l’âge du fer, des tribus gauloises vivaient ici. Toutefois, ce sont bien les romains qui ont fondé la cité de Lugdunum (de Lug, le dieu corbeau, et dunum, la colline.), et ont permis son développement tant au niveau architectural, grâce aux théâtres et aqueducs, qu’au niveau artisanal, on peut penser aux soieries déjà renommées à cette époque, mais aussi aux niveaux économique, politique, militaire et religieux, ce qui fit rapidement d’elle la capitale des trois Gaules à la demande de l’empereur. Lugdunum est également le berceau du christianisme en Gaule et c’est dans son théâtre que furent dévorés par les lions les premières martyrs gaulois à partir de Ste Blandine, la patronne de la ville. Certains s’accordent à dire que c’est là l’origine du lion sur les armes de la villes. Dès ses débuts, cette ville connaît ainsi la résistance et le martyr, puis également l’humilité car la cité, jusqu’alors prospère, va suivre Rome dans le déclin de la civilisation romaine et subir les invasions barbares.
C’est seulement au IXe siècle, que la ville va remonter la pente. Suite à une déformation linguistique, Lugdunum est devenue Lyon, et, en 1079, elle connaît un essor politique immense lorsqu’elle est nommée siège du Primat des Gaules, c’est à dire qu’elle devient ainsi la « capitale » catholique de la Gaule qui est devenue depuis, le Royaume des Francs. De nombreux édifices religieux voient alors le jour, comme la cathédrale St Jean, et viennent se rajouter à d’autres plus ancien comme l’abbaye carolingienne d’Ainay. Très rapidement, la ville connaît un nouvel essor, notamment grâce à l’industrie textile ; en effet, les soies lyonnaises habillent les plus riches rois d’Europe et décorent les plus beaux châteaux. Lyon est jusqu’alors gouvernée par l’archevêque de Savoie mais en 1312, les bourgeois de la ville font pression et s’en séparent finalement pour intégrer le royaume de France avec, cependant, une certaine indépendance, c’est à ce moment là que la ville obtient officiellement un blason, celui-ci est repris de l’officieux qui était simplement frappé du lion et est complété d’un chef d’azur chargé de trois fleurs de lys d’or pour montrer l’appartenance de la ville au Royaume.
Le blason de Lyon à ses origines avec la devise de la ville : « Avant, avant, Lyon le Melhor ».
L’apogée
L’apogée véritable de la ville tourne entre les XVIe et XVIIIe siècles, toujours grâce au textile, qui se répand maintenant dans le monde entier, et à ses banques, réputées aussi au-delà des frontières du Royaume ; mais la ville s’agrandît encore géographiquement et développe également d’autres industrie comme la métallurgie. De plus en plus d’hôpitaux et de nouvelles églises voient le jour et Lyon est aussi devenue une puissance militaire du Royaume, elle fut notamment d’une grande utilité pour les campagnes de François Ier en Italie. Au niveau culturel, c’est à Lyon que la première imprimerie française vit le jour et que Rabelais, médecin à l’Hôtel Dieu, écrivit ses très célèbres Gargantua et Pantagruel. L’essor de la cité fut tel que François Ier encouragea la fabrique de soie en France afin que la ville ne devienne pas la première exportatrice du Royaume et ne risque pas de remplacer Paris dans son rôle politique, la ville rhodanienne se coucha alors devant le Roy pour lui montrer sa fidélité et son humilité. Toutefois, la cité lyonnaise était depuis longtemps la première productrice de soie du monde. C’est durant la Renaissance que fut également construite la Place Bellecour, la plus grande place carrée d’Europe, qui était alors couverte de jardin à la française.
La Révolution française et l’Empire
Au moment de la révolution, la ville se vit retirer son blason. Pendant la Terreur, elle marqua son soutien au Roy et résista contre la politique de Robespierre. Cependant la Convention Thermidorienne voyant que la ville ne se pliait pas, envoya une armée sous les ordres des généraux Crancé et Gauthier qui assiégèrent la ville. C’est à ce moment là que fut composé par les lyonnais le chant de la Ligue Noire (nom donné à l’armée bleue), qui est maintenant le chant symbolisant l’esprit de résistance de la ville ; les lyonnais demandèrent alors au lieutenant de Précy d’être leur général et de les mener au combat, mais, moins bien armés et entraînés, les lyonnais perdirent la bataille et connurent à nouveau le martyr : de 1793 à 1795, la ville subit une répression sans merci des bleus.
Sous l’Empire, la place Bellecour fut rasée, pour y permettre les manœuvres militaires, et la ville retrouva son blason mais avec un chef de gueule frappés de trois abeilles d’or. Elle ne retrouva son chef d’azur et ses fleurs de lys que sous la Restauration et Louis XVIII leur permit même de rajouter une épée dans les mains du lion en souvenir de leur fidélité au Roy.
Le blason de Lyon sous la Restauration.
Le XIXe siècle
Durant le XIXe, l’industrie lyonnaise, hormis celle du textile, connut un essor moyen, essor qui touchait surtout les villes alentours telles que Givors ou Saint-Etienne, en revanche c’est à ce moment là que de nombreux édifices comme le palais de la bourse, la préfecture, les universités ou la basilique Notre-Dame de Fourvière, ainsi que de grosses artères comme la rue de la République ou l’avenue du Président Edouard Hériot, virent le jour, surtout sous les deuxième et troisième républiques. Ce siècle fut également celui de l’invention du Guignol, le célèbre spectacle de marionnette.
De 1831 à 1834 eut lieu la révolte des canuts, les ouvriers de la soie, qui travaillaient dans de terribles conditions et qui montrèrent, encore une foi, que l’on ne pouvait pas profiter indéfiniment de l’humilité et de la serviabilité des lyonnais.
La fin du XIXe fut marquée à Lyon par une invention qui révolutionna nos foyers. La maison des Frères Lumières, aujourd’hui appelé Institut Lumière, fut construite et c’est là qu’ils inventèrent le cinéma en 1895.
La basilique Notre-Dame de Fourvière.
Le XXe siècle
C’est seulement au XXe siècle que Lyon retrouva sont blason d’origine, sans épée et avec les fleurs de lys d’or, qui furent remplacées temporairement pas des étoiles par les républicains. Durant la Seconde Guerre Mondiale, la ville résista encore vaillamment, la figure emblématique qui reste aujourd’hui est celle de Jean moulin, mais de nombreux autres patriotes lyonnais l’accompagnèrent dans son combat. Grâce à ces hauts faits de résistance, la ville fut décorée par le Général de Gaulle de la médaille de la Résistance, de la médaille du mérite avec palme et enfin de la croix de chevalier de la Légion d’Honneur.
Les devises
La ville de Lyon possède deux devises, la première datant de l’Empire romain : « VIRTVTE DVCE, COMITE FORTUNA » ce qui signifie : « La vertu pour guide, la fortune pour compagne » ; et la deuxième datant du XIIIe siècle, certainement plus connue : « Avant, avant, Lyon le Melhor », ce qui signifie : « En avant, en avant, Lyon la meilleure ».
Cette aventure lyonnaise nous montre ainsi bien comment la cité rhodanienne a toujours su, avec courage et humilité, résister pour de juste causes, allant parfois jusqu’au martyr. Cela nous montre aussi comment la puissance de cette ville fut surtout, encore aujourd’hui, économique (banques) et politique (siège d’Interpol).
Pour la petite histoire, beaucoup doivent se demander d’où vient le surnom « gones » que l’on donne aux lyonnais. Ce mot vient en fait du parler lyonnais du XIXe où le mot " goner « signifie » s’habiller " (sous-entendu avec n’importe quoi), les gones sont donc les enfants de la rue, on leur donne ce surnom depuis la révolte des canuts, où les ouvriers, souvent jeunes, sont descendus dans la rue ; et de fil en aiguille pour rappeler l’esprit résistant des lyonnais.
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