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Si la notion de libéralisme revêt des aspects souvent différents et parfois contradictoires au fil du temps, force est de constater que sa racine et le corps idéologique qui l’irrigue sont identiques aujourd’hui à sa naissance dans le terreau des évènements de 1789. Vous est ainsi proposée une relecture d’un ouvrage simple mais dense, figure de proue du combat contre le libéralisme, portant la claire vision d’un refus catégorique de cette arche d’erreurs entrainant les sociétés occidentales sur la pente fatale depuis deux siècles. Le libéralisme est un péché est un opuscule rédigé par Don Félix Sarda y Salvany, prêtre espagnol né en 1844 près de Barcelone. Il dirige la Revista popular qui analyse l’actualité à la lumière de la doctrine de l’Église et publie son célèbre recueil Propaganda catolica synthétisant conférences, articles et brochures. Rééditée une vingtaine de fois jusque dans les années 1960, son œuvre majeure susmentionnée est consacrée à la dénonciation des attentats à la foi du libéralisme sévissant particulièrement dans la seconde moitié du XIXe, constituant « la question brûlante de son siècle », et sans conteste celle des suivants.
Préfacé par Monseigneur Lefebvre pour sa réédition de 1975, le livre de Don Félix ne souffre d’aucun ajout (excepté des notes de bas de page) ou retranchement et confirme toujours aujourd’hui sa pertinence. Tâchons de nous replonger dans un ouvrage de référence, imprégné de la doctrine des papes et des saints que le monde a oublié par confort d’étiquettes, ainsi que de la réflexion d’un prêtre visionnaire qui prévoyait déjà les conséquences néfastes, peut-être irréversibles, de l’hydre aux mille visages sur l’Europe et le monde entier.
L’ouvrage que nous allons relire n’est pas un brulot ou un document farfelu inconsidéré par l’Église et reçut en son temps la bénédiction par décret de la Sacré-Congrégation de l’Index.
L’article suit le plan du livre, les citations sont aisément trouvables dans les parties correspondantes.
Le marteau des simoniaques et des concubinaires allemands fut Grégoire VII ; le marteau d’Averroes et des faux disciples d’Aristote fut Thomas d’Aquin ; le marteau d’Abélard fut Bernard de Clairvaux ; le marteau des Albigeois fut Dominique de Guzman, et ainsi de suite jusqu’à nos jours. Il serait trop long de parcourir l’histoire pas à pas pour prouver une vérité qui ne mériterait pas tant elle est évidente, les honneurs d’une discussion, sans le grand nombre de malheureux qui s’acharnent à l’obscurcir en élevant autour d’elle un nuage de poussière.
Votre serviteur n’a pas l’habitude de ménager le lecteur fidèle que vous êtes, Don Félix non-plus : retirez vos gants. Le libéralisme est « un ensemble d’idées fausses, […] un ensemble de faits criminels, conséquences pratiques de ces idées » qui sont les suivants : « la souveraineté absolue de l’individu, dans une entière indépendance de Dieu et de son autorité ; la souveraineté absolue de la société, dans une entière indépendance de ce qui ne procède pas d’elle-même ; la souveraineté nationale, c’est-à-dire le droit reconnu au peuple de faire des lois et de se gouverner, dans l’indépendance absolue de tout autre critère que celui de sa propre volonté exprimée d’abord par le suffrage et ensuite par la majorité parlementaire ; la liberté de penser sans aucun frein, ni en politique, ni en morale, ni en religion ; la liberté de la presse, absolue ou insuffisamment limitée, et la liberté d’association toute aussi étendue. »
L’auteur associe à l’origine de ces idées le rationalisme « individuel », « politique » et « social » et énumère l’ensemble des fronts communs à l’Église et à l’État dont la guerre sans trêve voit se dessiner dans les mains armées de ce dernier le fameux espadon libéral : « liberté des cultes, plus ou moins restreinte ; suprématie de l’État dans ses rapports avec l’Église ; enseignement laïque ou indépendant, n’ayant aucun lien avec la religion ; mariage légitimé et sanctionné par l’intervention unique de l’État ». Ces aspects que nos contemporains associent d’ordinaire au socialisme sont justement remis à leur place dans le plan libéral d’athéisation de la société se résumant en un terme connu : la « sécularisation », « la non-intervention de la religion dans les actes de la vie publique, quels qu’ils soient, véritable athéisme social qui est la dernière conséquence du libéralisme. » Et si ces mêmes contemporains distinguent un libéralisme philosophique d’un libéralisme économique ou d’un libéralisme des valeurs, l’auteur conclut en apportant un élément crucial à la compréhension de cette idée : c’est un univers dont les galaxies sont insécables, interdépendantes. « Le libéralisme pratique est un monde complet : il a ses maximes, ses modes, ses arts, sa littérature, sa diplomatie, ses lois, ses machinations et ses guets-apens. C’est le monde de Lucifer, déguisé de nos jours sous le nom de libéralisme, en opposition radicale et en guerre ouverte avec la société des enfants de Dieu qui est l’Église de Jésus-Christ. »
Le libéralisme considère théoriquement que l’homo liberalis pense avec sa raison et son intelligence, ce que l’auteur réfute, arguant de l’impossibilité d’en user efficacement sans Dieu, en ces termes pleins d’une grande lucidité anthropologique : « C’est en effet une erreur généralement répandue, de croire que l’homme pense avec son intelligence, tandis que la plupart du temps il pense avec son cœur, voire souvent avec son estomac. » La question de l’homme n’intégrant pas la morale chrétienne comme sommet de sa conduite amène à une autre question évoquée tacitement par l’auteur : la société des jouisseurs dans la cité des plaisirs, de l’homme servile, esclave de ses sens et de ses appétits sous toutes ses formes contre laquelle l’Église a toujours mené les combats les plus acharnés.
Saint Augustin, cité par saint Thomas d’Aquin, donne à méditer cette formule résumant ce péché contre la foi : « Hoc est peccatum quo tenentur cuncta peccata », « un péché qui contient tous les péchés ».
C’est en ces termes que l’auteur invoque les saints Docteurs de l’Eglise : « Le libéralisme est l’hérésie radicale et universelle, parce qu’il comprend toutes les hérésies. » On a là un dogme aux mille visages, intégrant la possibilité, l’accréditation et la considération de l’erreur (une idée comme une autre) sous ses formes les plus diverses : socialisme, anarchisme, communisme et les autres idées en contradiction totale avec la foi catholique d’hier à nos jours. Le libéralisme est un péché parce « qu’il détruit le principe, ou règle fondamentale de toute moralité, qui est la raison éternelle de Dieu s’imposant à la raison humaine, parce qu’il consacre le principe absurde de la morale indépendante, qui est au fond la morale sans loi, la morale libre, ou, ce qui revient au même, la morale qui n’est pas morale, puisque l’idée de morale implique non seulement l’idée de direction, mais contient encore ‘’essentiellement’’ celle de frein et de limite. » Il est ainsi dans « l’ordre des faits l’absolu désordre », de sa nature ex genere suo « un péché mortel. »
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