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Notre œil, éloigné des merveilles de l’Incarnation par le progrès technique et l’idéologie, peine à distinguer les flots de sens qui sourdent de nos édifices religieux. Pourtant, le symbole, porte du sens, est d’une importance capitale. Car l’Occident chrétien soutient que le monde est ordonné. Elle admet qu’il y a une Clé Divine au monde. Que la Création n’est bien évidemment pas une superposition de mystères scientifiques.
C’est à nous catholiques qu’il incombe de réoccuper le terrain symbolique, car nos symboles sont bien plus puissants, mais en sommeil. Nos adversaires, eux, abusent de symboles qui ne sont portes que vers un vide glaçant. Le temps est si propice pour contre-attaquer. Cet article fait partie d’une série qui vise à former la jeunesse catholique aux symboles délaissés de nos villes et de nos villages, afin qu’elle les dévoile aux âmes endormies du beau pays de France. Nous nous intéressons plus particulièrement ici à l’édifice religieux catholique.
N’avez-vous jamais contemplé un navire retourné ? Vous êtes-vous interrogés sur la provenance du mot nef ? Le bâtiment qu’est l’église est un navire qui vogue, non sur les eaux, mais sur les Cieux.
L’église est aussi l’Arche de Noé de la Nouvelle Alliance, sûrement guidée par Notre Seigneur vers la Jérusalem Céleste, ce lieu offert par Dieu aux justes après le déluge de feu que sera le Jugement Dernier.
La symbolique du navire est accentuée par le tintement qui annonce le début de la Sainte-Messe ou d’un autre office. La cloche est sonnée trois fois, comme les cloches de proue annonçait le départ d’un navire. Départ ici symbolique mais bien réel pour les célestes destinations où nous transporte le Divin Office.
Qui n’a jamais admiré les dômes du Sacré Cœur de Montmartre ? Qui n’a pas pensé aux fusées, en contemplant ces voûtes qui s’élèvent vers le Ciel ? Car l’église une image terrestre de la Jérusalem Céleste, ce lieu aménagé par Dieu pour ses fils et ses filles qui vivront leur éternité. Cette symbolique est bien incarnée dans les magnifiques cathédrales que bâtirent nos aïeux. Il est à noter que les cathédrales d’Amiens et de Beauvais font 144 coudées, la dimension exacte de la Jérusalem Céleste de l’Apocalypse.
N’avez-vous jamais eu l’impression que c’était Dieu Lui-même, qui avait posé l’église au milieu des hommes, et que l’église, en juste retour, dans sa verticalité, cherchait à rejoindre Dieu ? Vous avez raison, observateur avisé, et Saint Jean, cet aigle magnifique, ne vous contredira pas :
Il me transporta en esprit sur une grande et haute montagne, et il me montra la ville, la sainte Jérusalem, qui descendait du ciel, venant de Dieu. Elle était environnée de la gloire de Dieu ; et l’astre qui l’éclairait était semblable à une pierre précieuse, à une pierre de jaspe, transparente comme du cristal.
(Bible de Sacy)
Cette verticalité, hommage vibrant à la relation entre la Création et le Créateur, est niée par les édifices républicains, intégralement horizontaux. La comparaison est suffisamment flagrante lorsque l’on confronte la légèreté de Notre-Dame de Paris à la lourdeur de l’Hôtel de Ville de Paris.
Peu de personnes ont encore la chance d’assister à la cérémonie de la dédicace d’une église, l’Occident contemporain exsangue excellant à la démolition de lieux sacrés. Dans l’imaginaire catholique, l’église n’est autre que le temple de Dieu, et le cérémonial de la dédicace nous remémore admirablement :
Ce lieu est terrible : c’est la maison de Dieu et la porte du ciel, et on l’appellera le palais de Dieu. Alléluia, alléluia.
Cette affirmation n’est pas surprenante pour qui croit en la Présence Réelle de Notre Seigneur Jésus Christ.
Il existait d’ailleurs une prière à l’entrée dans une église, basée sur le Psaume 5 :
J’irai dans votre maison, Seigneur, je me prosternerai dans votre saint temple, et je louerai votre nom.
L’église Saint-Germain-des-Prés nous rappelle la présence de Dieu au sein du temple, veillant sur son peuple. On y aperçoit en effet la Sainte Face qui nous accueille dans ce lieu.
On rappellera que jadis, avant que la Révolution Française ne la défigurât atrocement, l’abbaye Saint-Germain-des-Prés était très importante, car elle était nécropole royale et accueillit la Sainte Couronne avant que la Sainte-Chapelle ne le puisse.
Plus récemment, c’est Saint Jean XXIII, qui rappelait cette nature de Temple de Dieu. Présent dans une église où plusieurs fidèles l’applaudirent, il avait fait cesser sans ménagement ces désordres en se contentant de déclarer : ‘Templum Dei’.
L’église est aussi l’épouse du Christ comme le rappelle encore l’Apocalypse :
Et moi Jean, je vis descendre du ciel la ville sainte, la nouvelle Jérusalem qui venait de Dieu, étant parée comme une épouse qui s’est revêtue de ses riches ornements pour paraître devant son époux.
Et j’entendis une grande voix qui venait du trône, et qui disait : Voici le tabernacle de Dieu avec les hommes : car il demeurera avec eux, et ils seront son peuple ; et Dieu demeurant lui-même avec eux, sera leur Dieu.
Alors un des sept anges qui avaient reçu les sept coupes, pleines des sept dernières plaies, vint me parler et me dit : Venez, et je vous montrerai l’épouse qui a l’Agneau pour époux.
Il me transporta en esprit sur une grande et haute montagne, et il me montra la ville, la sainte Jérusalem, qui descendait du ciel, venant de Dieu.
(Bible de Sacy)
Toute église dispose d’un clocher, que l’on surnommait au Moyen-Age Tour de David.
Car cette partie de l’église est associée à la Sainte Vierge qui est descendante de la Maison de David. Le son des cloches est la voix de Marie, qui ramène à la prière le peuple chrétien dispersé par les distractions de la vie. Le clocher est une tour de guet, où veille notre Reine, Sentinelle de l’Invisible, elle qui sut détecter et accepter les signes de l’Éternel. C’est de là aussi, que, « redoutable comme une armée rangée en bataille (Cant 6) », elle décoche ses flèches, chasse nos démons et ramène à son Divin Fils le peuple des croyants.
Dieu est Beauté, Bonté et Vérité. Pour annoncer Dieu au sein de la Cité, la simplicité et la pureté de ces symboliques sont des armes acérées. Qu’elles puissent transpercer les cœurs tiédis et désorientés, découragés par la lourdeur des symboles désincarnés, symboles qui ne sont pas symboles car ils ne sont que des portes vers le vide, qui, combinées à la dissimulation systématique de notre héritage catholique, ont acquis un poids immérité. N’ayons pas peur de la Puissance de nos symboles chrétiens, c’est l’être rationnel jusqu’au calcul qui doit mourir en nous et non l’être spirituel, attentif à Dieu. Allumons le feu dans les cœurs de nos contemporains, pour qu’ils rayonnent de la Charité dont déborde le Sacré-Cœur.
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