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Le catholique moyen d’aujourd’hui est souvent bien plus atteint par la maladie de la modernité qu’il ne le soupçonne. Certaines choses sont si profondément incrustées à notre insu dans des réflexes maléfiques qu’on ne les distingue plus. La rupture de la transmission ou, pire, la transmission volontairement réduite, ce qui revient au péché par omission, voilent au catholique de trop bonne volonté certaines vérités essentielles.
Il est ainsi récurrent d’avoir à l’esprit, lorsque l’on parle de la religion catholique, une religion transcendante comprise comme la présence d’un Dieu qui nous dépasse. Le problème vient ensuite, puisque trop souvent ce dépassement devient un éloignement infini, un absolu lointain, un Dieu hors du monde, dans la plus pure hérésie franc-maçonne et illuminée du grand horloger. Parallèlement, le même naïf coupable ira, de bon cœur, mépriser les religions dites immanentes comme une sorte de machin primitif qui ne semble exister, de façon si lointaine d’ailleurs, qu’afin de se sentir supérieur. Cela dans une vanité qui se voile du démon progrès, sentiment qui n’est permis que par l’ignorance crasse ou, pire, par la superficialité d’une connaissance spécieuse qui pèche par une herméneutique dissolvante et entendue, moulinant le réel pour le tordre selon des schèmes logiques sans substances, chimériques et dangereux, voulant faire croire que la réalité est une abstraction logique, sans principes ni axiomes si ce n’est ceux décidés arbitrairement par le vice humain.
Si l’on écoute le « catho » de base aujourd’hui, la situation semble bien être dans la droite lignée révolutionnaire : comme le dit Murray, matérialisme absolu côtoie idéalisme absolu, et le socialisme ne peut vivre que par l’occultisme. Toute séparation verbale et analytique ne change pas le réel et sa nature synthétique se composant des opposés ensembles fusionnés, si elle est niée, existe toujours et nécessairement, mais, non reconnue, elle se fait pervertir et elle se fait manipuler pour le plus grand malheur de ceux qui ne veulent plus voir cette réalité fusionnelle, cette alliance naturelle du corps et de l’esprit, inséparables.
Voilà pourquoi il faut insister et rappeler sans cesse, que cela plaise ou non : la religion catholique est ainsi avant tout une religion immanente. La transcendance d’un Dieu seul et loin, c’est le Dieu des peuples du désert, là où il est bien plus difficile de sentir l’œuvre vivante de Dieu partout dans la Création, soit le dieu hébraïque et le dieu mahométan. Rien à voir avec la religion catholique. Jésus est venu, certes, mais il n’est pas reparti, voire même il a certainement toujours été là – le temps ne saurait être la même chose pour les hommes et le divin. La présence réelle de Dieu en somme est si substantiellement essentielle qu’elle ne saurait être suffisamment exprimée par de simples mots humains. Jésus est partout à commencer dans le Saint-Sacrement, mais aussi bien sûr dans le Saint-Esprit qui souffle partout dans le réel, celui qui nous entoure, qu’il soit visible ou invisible. Toute chose qui existe porte, reflète, exprime à sa façon le divin, même un caillou. C’est la nature même du monde où nous sommes. Enlever cette composante essentielle c’est annuler le message évangélique, c’est tomber dans une hérésie dont la réforme n’était que la première tentative d’intellectualisation du divin, qui se détache du réel, s’éloigne de la matière et désenchante le monde. Ce désenchantement est une belle régression de l’histoire de l’humanité que ceux qui le louent comme un progrès dévoilent bien la médiocrité crasse des derniers siècles.
Ne pas voir ne signifie pas que l’invisible n’existe pas. Un aveugle ne voit rien, il ne dit pourtant pas que le monde n’existe pas. Nous sommes tous plus ou moins aveugles en ce qui concerne le divin et cette sorte de sixième sens qui permet de le sentir existe chez tout un chacun, plus ou moins efficient au départ, plus ou moins émoussé ou aiguisé selon son éducation, mais là, nécessairement.
Une religion vraie ne peut être qu’immanente, sinon elle véhicule alors déjà du faux. La création n’est pas simplement un témoignage du divin, elle le contient aussi par nature, dans le réel. La religion, c’est le lien avec le divin, qui commence par le lien de fait. Nous sommes reliés à Dieu dans notre existence même, comme nous sommes liés à notre famille par le lien du sang – qui découle d’ailleurs du lien divin puisque le don de la vie est un acte créateur de Dieu. L’homme est libre de malmener ce lien, le nier, le pervertir, l’amochir, mais il existera toujours.
Dieu n’est pas là-bas, il est ici et partout, pas forcément dans la même forme ni même intensité, et pas forcément aussi perceptible, mais présent quand même. Deux éléments de notre trinité le rappellent sans cesse : la présence réelle de Jésus par le Saint-Sacrement bien sûr, mais aussi l’Esprit Saint, vecteur, lien, souffle, qui rappelle que le Père aussi quitte sa transcendance pour se lier toujours plus au monde d’ici-bas, dans une jonction intime, immanente. Le divin ne nous a ni abandonnés, ni séparés : dès le départ le divin est dans le monde. C’est juste nous-mêmes, pauvres fous, qui nous éloignons et nions, qui faisons semblant de ne plus voir ni sentir…
Transcendance et immanence, les deux sont là sans aucun doute, mais n’oublions pas l’importante immanence nécessaire à l’homme, créature de Dieu.
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