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Des vœux que le moine doit prononcer au moment d’entrer dans la vie monastique, nous retenons souvent la pauvreté, l’obéissance et la chasteté. Mais il est un vœu fondamental que nous oublions trop souvent : la stabilité. Par ce vœu, le moine se lie pour toujours à une abbaye et à une communauté. C’est le lieu de mon repos pour toujours ; j’y habiterai, car je l’ai désirée, dit le Psalmiste (132, 14) [1]. Les moines sont ainsi, dans toute société chrétienne, des repères immobiles, des gardiens de la Tradition, des exemples de constance et d’équilibre dans un monde versatile et toujours prêt à s’effondrer [2]. Depuis ses origines antiques jusqu’à l’époque moderne, les monastères ont été des centres de paix et de transmission spirituelle et culturelle au milieu des instabilités politiques et sociales, parfois même du chaos. Les premières fondations monastiques en Occident coïncident avec le déclin définitif de l’Empire romain d’Occident [3] : saint Martin de Tours fonde les premières communautés cénobitiques occidentales à Ligugé, près de Poitiers, en 361, et à Marmoutier, près de Tours, vers 372. Saint Honorat d’Arles fonde quant à lui un premier monastère à Lérins, au large de Cannes, au tout début du Ve siècle, suivi peu après par Jean Cassien à Marseille, tandis que saint Benoît de Nursie fonde sa première abbaye au Mont-Cassin, en 529, dans le Latium, à partir de la Règle qu’il a composée pour ses disciples. Dès la deuxième moitié du IVe siècle, des communautés monastiques masculines et féminines, parfois doubles, se créent en Afrique du Nord, en Italie, en péninsule ibérique et en Gaule [4]. Au moment où l’Empire romain disparaissait en Occident, de la fin du IVe siècle avec les grandes invasions germaniques à la déposition de Romulus Augustule en 476, les monastères assurèrent la transmission de la culture classique au sein des nouveaux royaumes barbares. On connaît, par exemple, le rôle de sauvegarde de la culture savante joué par le groupe de clercs réuni autour de Cassiodore au monastère de Vivarium, en Calabre, dans la première moitié du VIe siècle [5]. Désormais, la culture livresque se trouve concentrée pour des siècles dans les scriptoria des moines-copistes et les bibliothèques des abbayes [6].
Quatre siècles plus tard, quand l’Empire carolingien s’effondra à son tour, et avec lui un pouvoir et une administration centralisés, les monastères eurent à nouveau ce rôle : ils offrirent une stabilité spirituelle et culturelle au milieu de populations privées de leurs anciens repères politiques. Les solidarités monastiques prirent ainsi le relais et, sur le plan culturel, l’influence des grandes bibliothèques de quelques puissantes abbayes fit apparaître de véritables aires culturelles bien distinctes les unes des autres. L’émergence de la société féodale correspondit ainsi à la croissance de l’influence monastique sur l’ensemble du peuple chrétien. Entre la fin du IXe siècle et le début du XIe siècle, l’ordre sacerdotal était en effet jugé « décadent » par les contemporains, car influencé par le mode de vie des laïcs, simoniaque et nicolaïte. Les moines jouissaient, en revanche, d’une meilleure réputation et, bien avant la Réforme grégorienne, ils surent se réformer : en Bourgogne, avec Cluny fondé en 909 par Guillaume Ier d’Aquitaine, en Lotharingie, sous l’action de l’évêque de Toul Brunon, futur Léon IX, avec Gorze (à partir de 933) et Brogne (autour de 950). La spiritualité monastique était hautement exigeante : Odon de Cluny, dans la première moitié du IXe siècle, écrivait dans son grand poème Occupatio que la chasteté était une nécessité absolue pour les moines et qu’il existait une incompatibilité absolue entre sacerdoce et concubinage. Abbon de Fleury, autre moine réformateur dans la seconde moitié du IXe siècle, estimait quant à lui que l’état conjugal était une faiblesse qui n’était tolérée que pour les laïcs [7]. L’institution monastique échappa mieux que l’épiscopale à la corrosion du siècle. Ce fut donc par l’intermédiaire des moines que la société féodale établit ses plus étroites liaisons avec le sacré. La Réforme grégorienne, à partir de la seconde moitié du XIe siècle, reprit à son compte ces conceptions et fixa pour plusieurs siècles le nouveau modèle de perfection sacerdotale, fondé sur un idéal de pureté et de séparation, dont l’inspiration est en partie monastique. De fait, tous les grands réformateurs de l’époque grégorienne, à commencer par Grégoire VII lui-même, sortis de leur couvent pour devenir évêques ou papes, avaient été moines.
Initié par des solitaires qui cherchaient à s’écarter du monde, le monachisme a très vite été considéré comme la forme de vie la plus convenable aux homines religiosi. Cet idéal monastique a exercé sur tous les esprits de ce temps, même les plus frustes, une fascination incomparable. Il ne faut pas l’oublier : en Occident, le monachisme est une institution qui se développa et connut ses plus grandes heures au Moyen âge, et plus précisément du Xe siècle, avec l’avènement de la société féodale, au XIIIe siècle, avec l’apparition des ordres mendiants. A l’apogée de Cluny, au XIIe siècle, on comptait plus de 1 000 maisons, en majorité des prieurés fondés directement par la maison-mère ainsi que des monastères réformés, tous soumis à l’abbé de Cluny. A la tête de plusieurs milliers de religieux répartis dans tout l’Occident l’abbé de Cluny fut longtemps le second personnage de la chrétienté, après le pape. En 1133, alors que l’ordre cistercien fondé en 1098 par Robert de Molesme, n’existait que depuis quelques dizaines d’années, il comptait déjà quelque 70 établissements. En 1153, à la mort de saint Bernard, on comptait 345 monastères cisterciens dispersés dans toute l’Europe. En 1200, l’ordre en comptait 530 abbayes, puis environ 700 à la fin du XIIIe siècle.
Forts de ce prestige et de cette influence, les thèmes spirituels chers aux cénobites ont été repris et amplifiés par les clercs et les laïcs de tout bord. Tous les chrétiens étaient en effet convaincus de l’éminente dignité du monachisme et de sa supériorité par rapport aux autres états de vie. Les oratores étaient à la tête de la société féodale : ils étaient au-dessus des bellatores et des laboratores car ils avaient une fonction éminemment intellectuelle. Mais à la tête de l’ordo oratorum se trouvaient encore une autre catégorie de clercs, bien supérieure : les moines. Dans la tripartition fonctionnelle des sociétés féodales, les moines avaient une place particulière. Retranchés du monde, ils accomplissaient une prière pure, parfaite et incessante. L’Opus Dei, c’est-à-dire la liturgie, occupait une place fondamentale dans la vie d’un moine [8]. Cluny, la congrégation religieuse la plus importante de la Chrétienté entre la fin du Xe siècle et le début du XIIe siècle, consacrait ainsi quotidiennement trois heures et demi à la prière et quatre heures pour la lecture des textes sacrés et des auteurs ecclésiastiques. Sept fois le jour, des premières lueurs de l’aube à la retombée des ténèbres, une autre fois au cœur de la nuit, la communauté se réunissait dans l’oratoire pour une prière qui n’était ni individuelle, ni secrète, mais proférée à pleine voix, d’une même voix, par tout le groupe qu’elle fondait dans une unité totale.
Un esprit moderne pourrait s’étonner d’une telle prépondérance de la prière au sein d’une institution dont le rôle était aussi d’aider l’Église dans sa dimension terrestre. Ce serait déjà méconnaître l’important rôle social des abbayes à travers l’histoire : elles accueillaient les voyageurs, les pèlerins, les miséreux, et faisaient fonction d’hospices et d’aumôneries. La règle bénédictine oblige à l’accueil et au soin des indigents : pauperes recreare. L’aumônerie de Cluny reçoit ainsi le pain et le vin dont les moines se privent volontairement les jours de jeûne ; elle répartissait cette provende entre tous les miséreux. Leurs écoles accueillaient beaucoup d’enfants de la grande et petite noblesse principalement, où ils recevaient une instruction de qualité, sans être tous nécessairement destinés à la carrière ecclésiastique. De grandes figures eurent aussi une action considérable dans la vie politique de leur siècle : l’abbé de Saint-Denis Suger, auprès des rois Louis VI et Louis VII, ainsi que saint Bernard, abbé de Clairvaux, auprès de nombreux princes européens. D’autre part, les moines ne vivaient pas dans la dépendance matérielle du siècle : ils étaient autonomes et autarciques. Les statuts de l’ordre de Cîteaux [9], datés de 1134, réformèrent l’ordre bénédictin et insistèrent ainsi sur le rétablissement du travail manuel : « La nourriture des moines de notre Ordre doit provenir du travail manuel, de la culture des terres, de l’élevage du bétail… ». Les monastères devenaient ainsi des entités économiques autonomes, organisées et productives [10].
Mais le rôle premier des monastères est tout autre et ne se trouve pas dans le siècle : la prière et la louange sont la première et la plus importante de leurs activités. Le monachisme est une institution fondamentalement ecclésiale et communautaire : le moine prie pour le monde et il s’agit là de l’activité la plus charitable. Rien n’est plus indispensable que la prière des moines : elle protège l’Église, elle assure le salut du monde, en bref, elle fait tourner le monde. Saint Bernard l’affirmait avec vigueur : « Les moines ont été établis afin de prier pour tout le corps de l’Église, c’est-à-dire pour tous ses membres, les vivants et les morts. […] Ce sont eux qui soutiennent l’Église ; ils distribuent des sucs spirituels à tous, aux prélats et à leurs sujets. On peut leur appliquer ce dicton : le genre humain subsiste grâce à quelques-uns ; s’ils n’existaient point, le monde périrait par la foudre ou par un gouffre de la terre [11]. » La prière liturgique et communautaire était donc l’essentiel : les moines se succédaient dans le chœur comme des bataillons sur la ligne du feu, cherchant à offrir à Dieu une louange ininterrompue et un sacrifice qui lui fût agréable.
Si les moines jouissent d’une telle estime dans la société chrétienne, c’est parce qu’on tient leur prière comme la plus puissante. Volontairement retranchés du monde pour mener la vie la plus sainte possible, côtoyant l’état angélique, les moines priaient avec une efficacité redoutable. La prière et la liturgie monastiques sont en effet une arme. Le moine s’en sert d’abord contre lui-même, comme n’importe quel chrétien, afin de mener à bien le combat spirituel et lutter contre les tentations et les séductions diaboliques [12]. Le moine est un successeur des apôtres, mais aussi des premiers martyrs : l’Occident ne connaît plus la persécution païenne, mais les moines voulaient participer de leur vertu en s’affligeant une pénitence particulière et des mortifications exceptionnelles [13] . En cela, ils constituent une élite particulière dans l’Église. Le cœur humain est le champ de bataille où s’affrontent Dieu et le diable, la vie et la mort. Comme l’expliquaient déjà Macaire et Évagre le Pontique, le moine qui voue son existence entière à la prière accepte d’être à la pointe de ce combat d’une façon immédiate et consciente. Toute la spiritualité monastique est ainsi placée sous le signe de l’effort, du mérite et de la lutte [14]. Dans les monastères, on cultive l’ascèse comme un instrument de retour à Dieu : la souffrance volontaire permet en effet à l’homme de restaurer dès ici-bas sa relation à Dieu. Et le Christ lui-même le dit explicitement : « Le royaume des Cieux est emporté de force, et les violents s’en emparent. » (Mt XI, 12) Ce combat spirituel est d’autant plus impérieux pour le moine qu’il est menacé, plus que tout autre, par l’acédie, ce dégoût pour la prière et cette lassitude spirituelle qui touchent ceux qui ont choisi la voie de la perfection. Le travail manuel, exigé par la Règle bénédictine, trouve ainsi toute sa place dans ce combat : non seulement il répondait à un besoin institutionnel, puisqu’il fallait nourrir les pauvres et les pèlerins, mais il était aussi un impératif théologique, puisque le travail est la conséquence de la Chute (Gn 3, 19). Il permettait le défoulement des forces physiques, appelait à l’humilité, et s’accommodait bien de la prière : ora et labora.
Conformément à l’aspect collectif de l’aventure monastique, le moine veut sauver les âmes des autres en priant pour la sienne. La prière monastique est principalement collective, et il est donc normal que le salut qu’elle veut obtenir soit collectif lui-aussi. Les moines forment ainsi une armée céleste dont la prière est particulièrement redoutable contre les armées maléfiques [15]. En suivant avec virilité la voie étroite de l’observance régulière, le moine déjoue les pièges que tend l’ennemi antique au monde et à lui-même. Le combat quotidien des moines consiste donc à arracher par la prière le plus d’âmes possible à la damnation et au feu éternel. Cette lutte de tous les instants contre les forces du mal produit des fruits spirituels variés, dont la communauté chrétienne bénéficie en vertu de la réversibilité des mérites du Corps mystique : repos de l’âme assuré aux défunts et en particulier aux âmes du Purgatoire, fécondité de la terre, paix aux vivants, succès des missions, victoire des princes chrétiens. Les grâces obtenues par les moines par la force de leur prière rejaillissent ainsi sur toute la société dont ils se sont retranchés.
La prière du moine pour son salut et celle de l’Église est une guerre. Le monde féodal et ses principes guerriers ont imposé jusque dans le domaine spirituel ses modèles. La spiritualité monastique médiévale est donc particulièrement martiale [16]. Le geste même de la prière - les mains jointes à genoux -, se généralisa entre le Xe et le XIIe siècle et reproduit celui du vassal prêtant hommage à son seigneur dans le cadre d’une relation féodo-vassalique. Les milites et chevaliers qui abandonnaient les armes du monde pour entrer au monastère étaient nombreux, et ils savaient qu’ils allaient retrouver des armes spirituelles infiniment plus efficaces [17]. D’autres venaient de grandes familles aristocratiques et avaient embrassé la vie monastique parce qu’ils étaient des puînés. L’influence était ainsi réciproque : en présentant la vie religieuse avant tout comme un combat incessant contre l’« ennemi antique », la spiritualité monastique trouva un vaste écho au sein d’une société guerrière dont l’éthique profane privilégiait les valeurs de lutte. Saint Bernard de Clairvaux, lui-même issu de la noblesse, était friand des analogies martiales : « Nous sommes ici comme des guerriers sous la tente, cherchant à conquérir le ciel par la violence, et l’existence de l’homme sur la terre est celle d’un soldat. Tant que nous poursuivons ce combat dans nos corps actuels, nous restons loin du Seigneur, c’est-à-dire loin de la lumière. Car Dieu est lumière [18]. » La prouesse héroïque anime toute la milice monastique : elle vit comme un tournoi son combat contre les forces perverses. Chacun veut s’élancer, défier l’Ennemi pour une lutte singulière, dans l’oraison privée, et chacun, après la joute, reprend son rang dans l’escouade des camarades réunis dans le chœur pour chanter les Psaumes comme un cri de guerre. Cîteaux, en particulier, fut ainsi une chevalerie transfigurée.
Les moines comme les prêtres étaient certes des inermes, mais ils n’avaient pas moins une fonction guerrière dans l’économie spirituelle du Salut [19]. « Car ce n’est pas contre des adversaires de sang et de chair que nous avons à lutter, mais contre les Principautés, contre les Puissances, contre les Régisseurs de ce monde de ténèbres, contre les esprits du mal qui habitent les espaces célestes. […] Vivez dans la prière et les supplications ; priez en tout temps, dans l’Esprit ; apportez-y une vigilance inlassable et intercédez pour tous les saints. » (Ephésiens VI, 10-19). L’hagiographe compare toujours le saint, en particulier les moines et les ermites, à des milites Christi en guerre contre Satan. Les sermons, lettres, vitae et autres traités monastiques, aux XIe et XIIe siècles tout particulièrement, usent tous de métaphores militaires, d’images guerrières et d’une rhétorique martiale pour caractériser la mission du moine. Évidemment, le fait de considérer la vie religieuse comme un combat entre le Bien et le Mal, comme une vaste psychomachie, n’est pas une invention du XIe siècle, ni du Moyen Âge. Mais il lui revient d’avoir exalté cet aspect pour en faire une spiritualité à part entière. Son aboutissement ultime sera, après la naissance de l’idée de croisade, la création originale d’ordres religieux-militaires dans les premières décennies du XIIe siècle, où la Règle n’interdit plus l’usage de la violence armée : il n’existe plus de contradiction entre monachisme et guerre physique, et le moine peut devenir un soldat à part entière.
Le monachisme cherche à reproduire la vie apostolique, en imitant le Christ qui invite à prendre la croix et à tout quitter pour le suivre (Mt. X, 38 ; XVI, 24-28), et en s’inspirant de la communauté chrétienne primitive de Jérusalem dont les membres partagent tout et ne gardent rien de propre (Ac. 2, 44-45 ; 4, 32-34). À ces principes de pauvreté, souffrance, charité, séparation du monde et humilité, la doctrine de Paul ajoute les interdits sexuels (virginité, chasteté, célibat) qui permettent de s’attacher entièrement au Seigneur (I Co., 7, 25-36). Si la vie du cloître apparaissait supérieure aux hommes du Moyen âge, c’est aussi parce qu’elle constituait un état privilégié, assurant au mieux le retour de la créature à son Créateur. La voie monastique est, en effet, un retour : par la prière, individuelle et liturgique, le moine s’efforce de joindre sa voix aux chœurs des anges [20] ; par la pratique de l’ascèse et de la mortification, il cherche à mener une vie angélique, loin des plaisirs et des tentations du siècle. La quête de Dieu n’était pas une simple intention mystique : elle est, dans le cadre monastique, concrète et préparée par l’application de la Règle. La lectio divina, exercice spirituel typiquement monastique, avait pour but de conduire l’esprit à la contemplation, dès ici-bas, du mystère divin. La spiritualité cistercienne est même allée plus loin encore : afin de permettre une concentration maximale aux moines, les Cisterciens rejetèrent les ornementations artistiques, la polychromie, la sculpture, et choisirent des matériaux bruts, du bois et non de l’or, du fer et non de l’argent, pour façonner leur art et célébrer Dieu. Comme l’explique saint Bernard de Clairvaux dans son Apologie à Guillaume de Saint-Thierry, la simplicité et le dépouillement doivent créer l’espace où Dieu pourra se manifester [21]. Au sacrifice de matériaux précieux à la divinité, les Cisterciens opposent un idéal absolu de pauvreté. L’art cistercien, entre tous les autres, est un retournement vers l’intérieur, et cette introspection ne doit être troublée par rien [22].
Parce qu’elle était exigeante et absolue, la spiritualité monastique médiévale a eu la réputation, à juste titre, de déprécier violemment les réalités temporelles et charnelles. De fait, tous les traités monastiques médiévaux prônent le contemptus mundi, c’est-à-dire le mépris du monde, et jugent durement la vie dans le siècle. « N’aimez point le monde, ni ce qui est dans le monde. Si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est pas en lui » (I Jean I, 15). Les Statuts de l’ordre cistercien insistèrent ainsi sur l’importance pour les moines de n’avoir aucun propriété : toute possession implique une forme de pouvoir ou de domination dans la société. Les Cisterciens refusèrent donc, à l’origine, les ministères paroissiaux, les missions séculières, les bénéfices ecclésiastiques, les revenus seigneuriaux et, à l’inverse de Cluny, des privilèges comme l’exemption pontificale [23]. Les activités temporelles et profanes sont une source de péché et donc d’éloignement de Dieu. Le Christ lui-même l’avait affirmé : reçu dans la maison de Marthe, qui s’affaire pour le servir, il loue sa sœur Marie, oisive, parce qu’elle a « choisi la meilleure part ». La vie contemplative est métaphysiquement supérieure à la vie active, et si la Règle bénédictine prévoyait le travail manuel pour les moines, c’était, nous l’avons dit, avant tout comme un remède à la paresse et un défoulement des forces physiques. Les moines cherchèrent donc à s’éloigner le plus possible du monde habité : qu’il s’agisse de la forêt, des marais, des montagnes, des déserts, des fondrières, l’isolement était la condition matérielle permettant ce détachement. Seule cette retraite permettait aux moines de détruire leurs passions mondaines, afin d’atteindre un état d’apathie (apatheia), un détachement des sens et une concentration rendant possible la restauration de la relation originelle entre l’esprit et Dieu [24].
En outre, ce n’était pas seulement la société et ses activités temporelles qu’il fallait repousser, mais aussi le monde, domaine du transitoire et du contingent. Si la Création est divine, le créé ne doit cependant susciter ni attachement, ni même estime. La conclusion est donc simple : il faut renoncer au monde et à ses créatures, et fuir tout ce qui pourrait nous faire oublier notre origine divine. L’exil est le seul chemin par lequel on gagne le Royaume des Cieux. La spiritualité monastique est radicalement théocentrique, car toute recherche des réalités terrestres est un décentrement de l’unique Souverain Bien. Seul le renoncement au monde, le silence, l’obéissance et la prière peuvent amener à la contemplation de l’Amour divin. Seule la paix du cloître et la discipline régulière garantissent les conditions d’une élévation pure de l’âme vers Dieu.
Le monachisme occidental ne doit pas seulement être un objet d’étude pour les historiens : son esprit, y compris dans ce qu’il a de plus médiéval, doit nous inspirer aujourd’hui, à temps et à contretemps. D’abord, comme pour les moines, le monachisme doit nous être un modèle d’édification personnelle, car ses méthodes éprouvées sont parmi les plus efficaces pour conquérir la sainteté et gagner le salut. Il est ainsi loisible aux laïcs de s’inspirer des différentes règles monastiques existantes - et toujours appliquées de nos jours -, à commencer par celle de saint Benoît, pour ordonner nos vies spirituelles. Mais le monachisme est aussi un modèle pour guider notre action de chrétien dans le monde contemporain - et certains auteurs ont écrit sur les bienfaits de ce « pari bénédictin ». Dans le contexte actuel, jamais il n’a été aussi urgent de constituer de nouveaux « monastères » symboliques, c’est-à-dire des communautés chrétiennes solidaires, ordonnées et préservées de la dégénérescence du siècle. Nous sommes à un nouvel âge de chaos : ce n’est plus l’anarchie féodale, faite de déprédations diverses, de désordre politique, mais une anarchie spirituelle et intellectuelle où se mêlent tout à la fois l’ignorance et l’incroyance de nos contemporains, le nouvel obscurantisme de l’athéisme et du laïcisme, les agressions morales des lobbyistes, et autres folies législatives LGBTistes. Toutes ces réalités sont des dangers pour notre Foi, et il nous faut dès lors imiter le moine : se retrancher et se préserver des agressions du monde. Le retrait est essentiel pour ne pas oublier d’où nous venons et ce à quoi nous croyons. En outre, le monachisme nous donne un exemple de sobriété, d’autonomie, de recueillement, de sagesse, d’exigence et de prière, alternative suprême au libéralisme et au consumérisme de nos sociétés hédonistes.
Je devine déjà quelques lecteurs s’offusquer de cette attitude : le « repli sur soi » n’est-il pas nécessairement un « renfermement » communautaire malsain ? Ce serait ne pas comprendre que le retranchement monastique est entièrement charitable. Le moine se retire pour mieux prier pour le monde. Comme dans les anciennes périodes d’effondrement, la retraite est le meilleur moyen pour préserver la pureté de la doctrine et sauver les sublimes principes de notre religion. Comme les moines emportant ou enfouissant leurs reliques à l’approche des pillards et des envahisseurs de toute sorte, comme les Troyens emportant les Pénates de Pergame au moment où la ville était assiégée par les Grecs, il nous faut préserver notre trésor durant cet âge sombre et préparer les germes d’un cycle futur. Il nous faut être ces moines laïcs qui, sur les ruines de la civilisation occidentale, auront conservé et transmis le dépôt de la Révélation. Dans notre exil, nous restons cependant ouverts : le cloître vaut pour les moines, mais le sanctuaire continue d’accueillir les hommes de bonne volonté. Même retirés du monde, les moines continuent de recevoir les hommes qui les sollicitent, et qui souhaitent recevoir l’hospitalité et l’évangélisation. N’oublions pas que, historiquement, les plus grands évangélisateurs et missionnaires sont sortis des monastères [25]. Mais s’ils ont pu apporter et transmettre une Foi sans tâche aux païens, c’est qu’ils venaient d’un lieu épargné par la ruine morale de leur siècle. Plus encore en notre temps, tout chrétien sérieux et attaché à sa Tradition sait que les compromissions avec le monde sont des défaites et le commencement de leur reniement. L’inflexibilité est maintenant impérative, tout comme il est impératif de se constituer un « cloître intérieur », doctrinal et imprenable. En chaque âme, il faut édifier un monastère spirituel, une enclave de paix au milieu de la tempête, un endroit qui a sa propre règle et où la vie de l’âme suit éternellement son rituel sans qu’aucune vicissitude extérieure ne puisse l’atteindre. En ce lieu pourront se préserver les germes d’un monde futur où l’Amour de Dieu retrouvera toute sa place.
[1] Haec requies mea in saeculum saeculi hic habitabo quoniam elegi eam (132, 14)
[2] Ce constat et les exemples qui vont suivre ont aussi leur équivalent pour l’Orient : on connaît le rôle que jouèrent les moines dans la victoire de l’orthodoxie sur l’iconoclasme dans l’Empire byzantin. « Le monachisme byzantin apparaît ainsi non seulement comme une école de perfection spirituelle mais aussi comme un corps qui se sent responsable du contenu de la foi et de la destinée de l’Église dans son ensemble. » Jean Meyendorff, Initiation à la théologie byzantine, Paris, Cerf, p. 89.
[3] Elles suivent de peu les premières traces du monachisme chrétien en Orient, datées du début du IVe siècle. Il s’agit de regroupements d’ascètes dont les plus connus sont ceux qui se sont constitués autour d’Antoine (mort en 356) et de Pacôme en Égypte, ou ceux que Basile, évêque de Césarée, a fréquentés en Asie Mineure.
[4] Ces premières communautés étaient indépendantes et développèrent leurs propres modes d’organisation : entre le IVe et le VIIe siècle en Occident, sont mises par écrit ou traduites presque une trentaine de règles monastiques, qui codifient la vie spirituelle et matérielle d’après des réglementations antérieures. Il faut attendre l’époque carolingienne pour qu’aient lieu les premiers essais de distinction et d’uniformisation des différents types de vie en communauté avec la séparation des religieux en deux catégories, les moines et les chanoines (conciles d’Aix-la-Chapelle de 816-819). Aux moines, on préconise la règle de saint Benoît de Nursie, dans sa version adaptée par Benoît d’Aniane. Au cours du Xe siècle, la règle bénédictine finit par être adoptée par l’ensemble des moines de l’Empire, de la France et de l’Angleterre. Plus que tous les capitulaires carolingiens, l’ordre clunisien contribua à l’unification du monachisme occidental sous les mêmes coutumes.
[5] Cassiodore, vers 560, énumérait dans ses Institutiones les ouvrages d’historiens dont il estimait la connaissance indispensable. On y trouve la Guerre des Juifs et les Antiquités judaïques de Flavius Josèphe, l’Histoire ecclésiastique d’Eusèbe de Césarée traduite en latin par Rufin, l’Histoire contre les païens où Orose, en 415, retraçait l’histoire de la Rome royale et républicaine pour montrer aux païens les malheurs qui s’étaient abattus sur elle, la Chronique d’Eusèbe-Jérôme, celle de Prosper d’Aquitaine écrite au milieu du Vᵉ siècle et le De viris illustribus de saint Jérôme. La sélection de Cassiodore a marqué pour mille ans la culture historique de l’Occident ; le succès de ces ouvrages fut ininterrompu. A ces ouvrages s’ajoutèrent l’Histoire ecclésiastique que Bède acheva peu après 725, ainsi que les deux Histoires de Paul Diacre à la fin du VIIIᵉ s., l’Histoire tripartite de Cassiodore et la Chronique d’Isidore. La culture historique de l’Occident se fonda donc sur une douzaine d’œuvres écrites en grande partie par des historiens chrétiens et antérieurs à 800. Voir Bernard Guenée, Histoire et culture historique dans l’Occident médiéval, Paris, Aubier, 1991 [1980], p. 300-302.
[6] Ces collections, qui dépassaient rarement les deux cents volumes, comprenaient, à côté des livres liturgiques, des œuvres des Pères de l’Église ainsi que ceux des textes antiques jugés nécessaires à la maîtrise de la langue latine, indispensable à la connaissance du dogme et à la pratique du culte. Jusqu’au XIIIe siècle, les grandes bibliothèques sont très rares, uniquement monastiques, peu accessibles, d’une grande vétusté, comme à Cluny. A la fin du Moyen âge, excepté des monastères comme Clairvaux, Saint-Denis ou Leicester, ces bibliothèques déclinent car elles perdent leur exclusivité au profit des universités et de certains particuliers.
[7] Abbon de Fleury, Apologeticus ad Hugonum et Rodbertum reges Francorum, PL 139, 463.
[8] En Orient également, le cycle liturgique de l’office demeurait le centre absolu de la vie de la communauté et occupait en général la moitié au moins de l’emploi du temps du moine.
[9] Les Statuta capitulorum generalium ordinis cisterciensis (statuts du chapitre général de l’ordre de Cîteaux) reprennent l’idée fondamentale de la Charte de charité (Carta caritatis), probablement rédigée entre 1114 et 1118, document attribué traditionnellement à l’abbatiat d’Etienne Hardin (1108-1134), et qui avait été approuvée par le pape Calixte II le 23 décembre 1119. Ce bref document, inspiré la règle de saint Benoît, structure de façon organique les relations entre les abbayes affiliées à l’ordre de Cîteaux, l’organisation économique de l’ordre et la vie des moines cisterciens. Ils prennent place aux débuts de l’ordre et à un moment décisif de son expansion. Cîteaux représente la dernière manifestation originale du monachisme au Moyen âge, avant l’apparition, dans le contexte urbain du XIIIe siècle, de formes nouvelles de vie consacrée, fondées sur la prédication et la pénitence (ordres mendiants).
[10] Les Cisterciens furent ainsi réputés par la qualité de leur travail : ils mirent en place une organisation économique originale et, pour ne pas être contraints à des déplacements, nuisibles à la rigueur des observances et à l’esprit communautaire, les Cisterciens pratiquèrent le faire-valoir direct et n’acceptèrent aucun revenu seigneurial ou bénéfice ecclésiastique. Les domaines, autant que possible d’un seul tenant et proches du monastère, sont exploités par les convers, frères lais (laïcs) qui vivent à côté des moines profès (qui ont fait leur vœu), au service de la communauté. Les Cisterciens mettent en pratique un système d’exploitation direct de leurs domaines à travers un réseau de « granges », qui sont à la fois des relais, des fermes et des entrepôts. Certaines terres de culture, forêts, ou vignobles se trouvant à plus d’une journée de marche du monastère, les bâtiments chargés d’engranger les produits finis sont progressivement transformés en véritables unités de production, avec y compris des locaux d’habitation pour les frères convers. Chacune est très spécialisée dans une production : il existe des granges céréalières, viticoles, d’élevage mais aussi industrielles, voire commerciales. Puisque le travail manuel est une obligation de la Règle, les moines sont en droit de posséder, collectivement, pour l’usage propre du monastère, des terrains. Ces terrains, qu’il s’agisse de forêts, de points d’eau, de vignes ou de près, doivent répondre à deux obligations : ils doivent être éloignés de « l’habitation des hommes du siècle », c’est-à-dire des laïcs et du profane en général ; et doivent être possédés exclusivement pour leur culture et leur mise en valeur. En aucun cas ils ne doivent à servir à autre chose (être un objet de curiosité par exemple) : ils doivent servir au travail et à la subsistance de la communauté.
[11] Cité par Georges Duby, Saint Bernard. L’art cistercien, Paris, GF, p. 132-133.
[12] Pour la bataille contre les vices comme modèle du combat monastique, voir Pierre de Celle, Sermon 39, 16, PL 202, 766
[13] Pour les apôtres et martyrs comme “armées pré-monastiques”, voir Bernard de Clairvaux, Sententiae 3, 122, SBO 6/2, 232, et Aelred de Rievaulx, Sermon 23, Sermones, PL 195, 34061.
[14] Cette spiritualité du combat était un modèle également pour les laïcs, y compris ceux qui ne pouvaient se faire moine et embrassèrent la vie érémitique. Ils s’adonnaient à un ascétisme extrême que la discretio monastique et la Règle ne tempéraient plus. L’idéal de la vie chrétienne à l’époque féodale répond donc à un style de vie héroïque caractérisé par une suite de prodigieux efforts et une recherche du record, à l’image du chevalier qui doit se surpasser sans cesse en accomplissant de nouvelles prouesses. L’homme médiéval est convaincu que seule une douloureuse expiation peut lui obtenir la rémission de ses péchés.
[15] Sur les moines comme armée, voir Pierre le Vénérable, Lettre 20, éd. Constable, Letters 1, 31. Voir aussi la Lettre de Nicolas de Clairvaux (45, PL 196, 1645) qui affirme que ceux qui ont abandonné la militia monastique sont des « déserteurs » qui ont lâchement trahi leurs frères d’arme et leur seigneur.
[16] Sur ce sujet, on se reportera avec profit à l’ouvrage de ALLEN SMITH, Katherine, War and the Making of Medieval Monastic Culture, Boydell Press, Boydell et Brewer, 2011. 1. Monks and Warriors : Negotiating Boundaries ; 2. Martial Imagery in Monastic Texts ; 3. Warriors as Spiritual Exemplars (Warrior-saints and saintly warriors ; Warrior-converts to the monastic army ; Holy weapons ; Martial asceticism). Voir aussi ROSENWEIN, B. H., « Feudal war and monastic peace : Cluniac liturgy as ritual aggression », Viator, II, 1071, p. 129-157.
[17] « Non sans raison, on a voulu voir dans la psalmodie clunisienne la sublimation des véhémences chevaleresques, et comme le détournement symbolique des agressivités dont les moines, issus de l’aristocratie militaire, étaient porteurs. Dès ses origines, le monachisme bénédictin avait des allures combattantes ; il avait emprunté à l’armée romaine son vocabulaire, ses rites de profession, conçu le dortoir monastique comme une chambrée, le cloître comme une salle de garde. Les moines avaient conscience de mener sans relâche, au coude à coude, une guerre difficile. » Georges Duby, Saint Bernard. L’art cistercien, Paris, GF, p. 43.
[18] Saint Bernard de Clairvaux, XXVIe sermon sur le Cantique des Cantiques (1128), sur la mort de frère Girard, 1. Une autre traduction existe : « D’ailleurs, nous combattons dans ce corps mortel, comme lorsqu’on est sous la tente, en faisant une sainte violence pour conquérir le ciel. En effet, la vie de l’homme sur la terre est un combat perpétuel, et, tant que nous combattons ici-bas, nous sommes exilés de la présence du Seigneur, c’est-à-dire nous sommes privés de la lumière. Car le Seigneur est la véritable lumière, et, tant que nous ne sommes point avec lui, nous sommes dans les ténèbres, c’est-à-dire dans Cédar. »
[19] Sur l’allégorie du moine-guerrier, voir Pierre Damien, Sermon 33, 2, éd. Lucchesi, Sermones, 196.
[20] En Orient, la prière est conçue comme un moyen d’atteindre le but de la vie chrétienne en tant que telle : la participation à Dieu, la théose, en communiant par l’Esprit Saint avec l’humanité déifiée du Christ.
[21] Sur cette question, on se rapportera avec profit au classique de Georges Duby – quoi qu’il traite aussi de bien d’autres choses : Saint Bernard. L’art cistercien, Paris, Garnier-Flammarion, 1976. L’auteur insiste sur l’interprétation symbolique de l’architecture cistercienne en rapport avec sa volonté d’austérité, d’abstraction, de concentration, de sobriété, et d’une intériorisation du religieux sur laquelle l’auteur revient souvent.
[22] Ce fut aussi l’intention de l’ordre des Chartreux et, un peu plus tard, de l’ordre de Grandmont.
[23] « Notre institution et notre Ordre excluent les églises, les autels, les sépultures, les dîmes du labour ou de l’élevage d’autrui, les villages, les vilains, le cens des terres, les revenus des fours et des moulins, et les autres choses semblables contraires à la pauvreté monastique. »
[24] L’absence totale de toute sensation de l’âme ou du corps permettait à l’esprit (noûs) d’accomplir sa nature divine et retrouver par la connaissance (gnosis) son union essentielle avec Dieu. Voir Jean Meyendorff, Initiation à la théologie byzantine, op. cit., p. 90-92.
[25] En 596, le pape Grégoire le Grand envoya d’Italie un groupe de moines conduits par Augustin de Canterbury évangéliser l’Angleterre. En contrepartie, à la fin du VIIe et au VIIIe siècle, ce sont des moines anglo-saxons, comme Willibrord et Boniface, fondateurs respectivement des monastères d’Echternach (Luxembourg) et de Fulda (Allemagne), qui sont au départ des missions d’évangélisation en Frise et en Germanie. Par l’implantation de monastères et de sanctuaires dans les campagnes ou dans des territoires récemment conquis par les princes chrétiens, le monachisme devient un facteur et un moyen de christianisation, de conservation et de diffusion de la culture chrétienne.
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