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Cette article a été écrit chez notre partenaire Itinerarium. Il fait partie de leur dossier "Espérance et politique", dont vous pouvez lire d’autres éléments : « Le Christianisme comme espérance au coeur du politique » ou encore « Les racines de l’espérance ».
La question se poserait ici en termes kantiens ; quasiment mot pour mot – quoique d’un « quasiment » qui pourrait tout changer. Car ce ne serait plus : « que m’est-il permis d’espérer ? », à moi, subjectivité singulière en quête de raison, mais : « que nous est-il permis d’espérer ? », à nous, communauté dite « intersubjective » ou dite « communauté ». La question du politique n’est pas précisément affaire d’introspection : je ne me la pose pas en vue de moi-même, en me comprenant comme sujet auto-centré. Je ne la pose, au contraire, qu’à la condition de m’y oublier relativement, de m’inclure d’emblée au sein d’un certain pluriel, de m’agréger au fond présupposé d’un nous. Je ne la pose qu’au pluriel, pour moi et pour les autres, indéfectiblement embarqués dans l’aventure de quelque « être-avec ». La question ne se pose ailleurs qu’à l’aune de cet horizon – celui de la première personne du pluriel, appelée à faire sens dans le projet d’une communauté. Que nous est-il permis d’espérer ? C’est le « nous » qui est ici central et qui déjà, à sa manière, dit à peu près tout ce qu’il est possible de savoir du politique, ou plus précisément, de la promesse (du) politique. Le « nous » est déjà promesse. Est-il seulement permis de l’espérer ?
Penser notre histoire – qui est la « nôtre » en tant qu’elle est essentiellement politique – oblige à commencer par Kant. La promesse est d’abord formulée dans les puissantes pages de son œuvre. Promesse d’un monde intégralement régi par ses aspirations à la justice et à la paix. Où justice et paix deviennent les normes ultimes d’une histoire qui se déleste de l’injustice et de la guerre comme des encombrements d’un passé encore immature. L’histoire atteint son âge adulte, se saisit enfin d’elle-même. Promesse à partir de laquelle se déploient les formes historiques de la modernité dont nous héritons : l’histoire de ses configurations globalisantes et de sa volonté de transcender le cadre des frontières. Le dessein d’un monde pacifié parce qu’unifié, cosmo-politisé, justifié à la mesure de son institutionnalisation planétaire. Promesse adressée à cet homme qu’ignore Joseph de Maistre – non pas au Français, à l’Italien ni au Russe, mais à l’homme tout court, l’homme de partout et de nulle part qui, s’il est animal politique, l’est d’abord en tant que Weltbürger : citoyen universel et sujet de droit. Au politique serait dès lors assignée la tâche – supra-nationale, suprême – de garantir à tout individu l’ensemble de ses droits inaliénables en tout lieu, en tout temps. Politique régulée par l’idéal de destiner le monde à une « Paix Perpétuelle », et d’y faire advenir un « Royaume des fins ». Ces expressions donnent à lire les déterminations foncièrement théologiques – eschatologiques – du cosmopolitisme et de la dite sécularisation.
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