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Dans ce roman, le lecteur est propulsé dans les tranchées de la Grande Guerre. Laurent Gaudé y livre les réflexions intérieures de soldats qui furent au front, ceux qui affrontèrent l’horreur, vidée de toute humanité.
Loin de chercher à mettre en scène le quotidien des hommes dans les tranchées, l’auteur dépeint, grâce à la dizaine de personnages, une palette de cris poussés par ceux qui vivent dans l’enfer de la guerre. En effet, Laurent Gaudé plante un décor qui va au-delà des scènes de combat : son roman se veut résolument moderne tout en abordant un aspect presque philosophique : comment l’homme peut-il verbaliser la violence humaine ?
Tous inventés, ces hommes sont pourtant bien réels. Il y a celui qui tient grâce à la prière, celui qui haït, celui qui meurt, celui qui devient fou, celui qui survit ou encore celui qui attend. Autant de personnages que de facettes possible... Il semble d’ailleurs impensable de se concentrer à la lecture sans se demander : qui aurais-je été ?
Ainsi, l’auteur donne la parole à Jules, Marius, Boris, un Lieutenant, un médecin et à d’autres personnages. Des voix qui se mêlent très rarement. Laurent Gaudé semble en effet avoir volontairement écarté le dialogue de son roman afin que les cris portés par les protagonistes ne se focalisent que sur un seul, celui de la cruelle réalité de la guerre.
Donner la parole aux mutilés, pour éviter qu’ils tombent dans un mutisme, voila le pari audacieux mais réussi de l’auteur. Sans aucun doute, Laurent Gaudé rend hommage avec ses mots à ces hommes de boue dont les cris résonnent dans notre histoire.
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