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Summa Mormon theologiae

8 février 2012 Bougainville ,

Une mise au point s’imposait. Le précédent article sur les mormons ayant suscité de nombreuses réactions et commentaires, il fallait clarifier le sujet.

Catholique romain, fou d’amour pour Jésus-Christ et pour Son Église, j’avais écrit que l’installation d’une communauté mormone à un endroit précis ne devait pas, à mes yeux, nous poser de problème particulier, au nom de l’élémentaire liberté religieuse. Quant au mormonisme en tant que tel, je souhaite préciser mon propos en posant une question simple : les mormons sont-ils chrétiens ?

D’emblée, nous répondons que non. Le mormonisme ne fait pas partie du christianisme. De notre point de vue, il s’agit même d’une de ces hérésies les plus graves qui se soient engouffrées dans le monde contemporain, car l’Église des Saints des Derniers Jours (SDJ) use d’un vernis chrétien pour mieux égarer ses interlocuteurs, ainsi que ses propres adeptes.

Le mormonisme, comme nous le verrons, est en réalité un syncrétisme, composé d’un protestantisme évangélique du XIXe siècle peu rationnel, et propice aux errances dogmatiques, d’éléments juifs, polythéistes, islamiques et même ésotériques. Sur ce dernier point, en effet, le prophète-fondateur de cette hérésie, Joseph Smith, avait été initié en 1842 à la franc-maçonnerie, de même que la plupart de son entourage, et en avait pillé la mythologie pour bâtir ses croyances, tant et si bien que le Grand Maître de l’Utah interdit l’accès des mormons aux Loges de l’époque, pour cause de dévoiement du rituel et des symboles maçons.

Le mormonisme se présente comme une religion du Livre, sans s’embarrasser des faits réels. Tout comme le Coran identifie Marie, mère de Jésus, à Myriam, sœur de Moïse, de quatorze siècles son aînée, le Livre de Mormon, « somnifère en imprimé », comme disait Mark Twain, raconte quant à lui l’histoire fabuleuse de l’émigration d’une tribu perdue d’Israël en Amérique, qui est un mythe sans fondement historique, archéologique et anthropologique.

Certes, les mormons sont agacés ou blessés de ne pas être considérés comme chrétiens. On pourrait prétendre qu’ils ont le droit d’utiliser ce prénom. Cependant, pour les chrétiens, leur donner ce droit conduirait à valider cette erreur.
Or, nous n’avons pas le droit à l’erreur. Nous devons protéger les chrétiens d’une fausse perception, et surtout, nous devons évangéliser les mormons, leur faire découvrir la vérité, avec tact, charité et douceur : autant de choses qui ont manqué à Joseph Smith dans ses rapports avec sa paroisse presbytérienne familiale.

Marchons – très humblement ! – dans les pas de saint Thomas d’Aquin, avec le même raisonnement qu’il a adopté pour rédiger sa colossale Summa theologica :

Prima Pars : nous évoquerons Dieu.
Secundo Pars : nous décrirons l’homme et son rapport à Dieu,
Tertia Pars : nous étudierons la personne du Christ et son Église.

« Alors si quelqu’un vous dit : "Voici : le Christ est ici ! ", "Voici : il est là ! ", n’en croyez rien. Il surgira, en effet, des faux Christs et des faux prophètes qui opéreront des signes et des prodiges pour abuser, s’il était possible, les élus.  » (Marc 13:21-23)

Prima Pars : Dieu

En 1820, le jeune Joseph Smith, sujet, comme sa mère, aux « pieuses rêveries », ainsi que l’a raconté un voyageur français de l’époque, raconte avoir reçu la visite de Dieu le Père et de Jésus-Christ, au détour d’un bosquet.

Posons ainsi les bases de l’hérésie : pour les mormons, Dieu le Père et Jésus-Christ sont deux êtres séparés tandis que le Saint Esprit est un personnage non incarné.

Qui est Dieu ?

Mormonisme : Dieu le Père qui est le Père de Jésus Christ, et il faut l’adorer. Ce Dieu a eu lui-même un père, et fut par la suite « exalté » au rang de divinité. Il règne depuis sur cette planète, mais pas forcément sur les autres. Ce parcours est proposé à tout mormon : devenir lui-même un dieu comme Dieu le Père, en suivant les préceptes de l’Église des SDJ, pour régner sur sa propre planète.

Réponse chrétienne : Le Dieu de la Bible est le Créateur, et le Dieu de tout l’Univers, de tous les mondes, pas simplement de notre planète. Il a fait les cieux et la terre ; il n’y a pas d’autre dieu ; il n’y a jamais eu d’autres dieux, et il n’y en aura pas non plus d’autres (Gn 1 : 1 ; Is 43 : 10 ; 44 : 6, 8, 24). Le christianisme est monothéiste, comme l’affirme le Credo de Nicée : « Je crois en un seul Dieu ».

Dieu est-il unique ?

L’Église des hérétiques mormons enseigne qu’il existe plusieurs dieux, car nous pouvons atteindre la divinité dans le royaume céleste (Principes de l’Évangile, p. 245). Les véritables saints donneront naissance à une progéniture spirituelle, qui les adorera, tout comme les mormons adorent Dieu le Père. (Principes de l’Évangile, p. 302).

Les chrétiens orthodoxes croient au contraire il n’y a qu’un seul Dieu vivant et vrai, et à part lui il n’y en a pas d’autres (Deutéronome 6:4 ; Ésaïe 43:10,11 ; 44:21,22 ; 46:9 ; Marc 12:29-34).

Dieu était-Il un homme physique ?

Les mormons croient que Dieu le Père a été autrefois un homme comme nous, avant d’évoluer pour devenir un Dieu, et qu’il a un corps composé de chair et d’os. L’Église des SDJ enseigne que Dieu lui-même a un père et un grand-père, à l’infini.

Pour les chrétiens, Dieu est Esprit (Jean 4:24 ; I Timothée 6:15,16), il n’est pas un homme (Nombres 23:19 ; Osée 11:9 ; Romains 1:22,23), et il existe depuis l’éternité en tant que Dieu tout-puissant, omniscient et omniprésent (Psaume 90:2 ; 139:7-10 ; Ésaïe 40:28 ; Luc 1:37).

Que veut-dire alors : « crées à l’image de Dieu » ?

Les mormons affirment que ce verset de la Genèse prouve que Dieu le Père disposait d’un corps de chair et d’os.

L’homme a été créé à l’image de Dieu et à Sa ressemblance, pour les chrétiens, cela veut dire que Dieu est notre Père, nous sommes comme Dieu (intelligence, volonté libre, capacité d’amour), la vie humaine est sacrée dès la conception, notre travail a une valeur spéciale : nous avons été créés pour travailler, à l’image de Dieu (« mon Père est toujours à l’œuvre »).

Dieu est-Il une trinité ?

Les mormons croient que le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont trois dieux séparés, et que le Fils et le Saint-Esprit sont littéralement les progénitures du Père et de son épouse céleste, tout comme chaque être humain. Comme l’expliquent les Principes de l’Évangile : « Dieu n’est pas seulement notre gouverneur et notre créateur, il est aussi notre Père céleste. Tous les hommes et toutes les femmes sont littéralement fils et filles de Dieu. »

Les chrétiens croient que le Père, le Fils et le Saint-Esprit ne sont pas des dieux séparés ou des êtres séparés mais ce sont des personnes distinctes qui forment la Trinité. Dieu est un : c’est le mystère de la Trinité. Les trois personnages qui la composent n’ont pas de corps distincts, et ne sont pas indépendants les uns des autres.

Secunda Pars, l’homme et son rapport à Dieu

Qui est l’homme ?

Selon la foi mormone, tous les êtres humains ont existé en tant que créatures spirituelles de Dieu et de son épouse céleste avant de venir sur terre. Ils furent ensuite envoyés sur Terre, et leur vie ici-bas est une opportunité de redevenir des dieux, en « obéissant aux lois de l’Évangile ». Les hérétiques aiment se référer au psaume 86 : « Vous êtes des dieux, vous êtes tous fils du Très-Haut ».

Les mormons croient en une vie pré-terrestre, les chrétiens absolument pas. Jésus fut le seul à être humain et à avoir une existence pré-humaine (Jn 1 : 18 ; 3:13, 31 ; 8 : 23, 58), puisqu’Il était uni au Père. Jésus prit la nature humaine à l’Incarnation. Dieu devint homme, pas le contraire. Sa nature humaine fut glorifiée à sa Résurrection.

Il n’y a pas de fondement biblique à l’idée que les êtres humains furent des créatures spirituelles de Dieu au Ciel avant de venir sur terre. Le passage du prophète Jérémie 38:4-7, prisé par les hérétiques (« avant de te former dans le ventre de ta mère, je te connaissais, et avant que tu naisses, je t’avais consacré, je t’avais désigné prophète pour les nations »), parle du dessein de Dieu pour chacun de nous lors de notre conception, et non lors d’une existence pré-terrestre.

Nous « sommes comme Dieu » signifie que nous aurons la même sorte de glorification de notre nature humaine que Jésus possède, pas en devenant des dieux dirigeant nous-mêmes des planètes (1 Jn 3:3 ; Rom 8 : 22 ; Phil 3:20-21). Même si le Paradis c’est la présence de Dieu en pleine communion, la distinction entre Dieu et ses créatures demeure (Ap 5 : 13-14).

Qu’est-ce que le péché originel ?

Les Articles de foi, rédigés par Smith, nient le péché originel : « Nous croyons que les hommes seront punis pour leurs propres péchés, et non pour la transgression d’Adam ».

Pour les chrétiens, la désobéissance de nos premiers parents Adam et Ève a permis l’irruption du Mal. C’est par leur chute que le péché est entré dans le monde, faisant tomber la mort sur tous les êtres humains. C’est ainsi que nous naissons avec une trace du péché en nous, qui peut être purifiée par le baptême, et que chacun sera jugé pour ses propres péchés (Ézéchiel 18:1-20 ; Romains 5:12-21).

Qu’est-ce que la Révélation divine ?

Les mormons croient en la révélation continue, selon leurs Articles de foi : « Nous croyons tout ce que Dieu a révélé, tout ce qu’il révèle maintenant, et nous croyons qu’il révélera encore beaucoup de choses grandes et importantes concernant le royaume de Dieu. »

Une des raisons d’exister du président de l’Église des SDJ, prophète, révélateur et voyant, et basé à Salt Lake City, est de continuer à révéler de choses nouvelles à ses adeptes. Ainsi, la polygamie fut instaurée suite à une vision de Smith (dans le but de grossir les effectifs de la communauté naissante) et interdite en 1890 (afin que l’État de l’Utah soit reconnu par le Congrès de Washington). Quant à l’accès de la prêtrise mormone pour les Noirs, elle fut autorisée dans les années 1970, pour éviter la pression des lois fédérales anti-ségrégation, tout cela par pure « révélation ».

Les chrétiens affirment que la révélation publique ou « collective » s’est terminée avec la mort du dernier Apôtre, même si des révélations privées peuvent encore être accordées, comme lors des apparitions de la Très Sainte Vierge Marie à Fatima ou Lourdes. En revanche, ces « révélations privées » ne sont pas une obligation de foi et le but de ces révélations n’est pas de corriger, suppléer ou compléter la foi chrétienne contrairement à la révélation de Joseph Smith.

Pour les chrétiens, Dieu a tout dit en Son Verbe (le Christ). Il n’y aura plus d’autre Révélation, mais des menteurs et des illuminés.

Qu’est-ce que le Salut ?

Les hérétiques affirment que nous sommes rachetés par le sacrifice du Jésus : l’immortalité est dès lors acquise, pour tous, du truand au mormon dévot. Selon eux, la vie éternelle, en communion avec Dieu, est toutefois différente du salut ; si celui-ci est général, la vie éternelle se gagne par « l’exaltation ». Un adepte de Smith peut donc dire à un non-mormon qu’il est sauvé, même s’il croit qu’il est damné, et qu’il faut le baptiser post-mortem.
Pour mériter la vie éternelle et « l’exaltation », les hérétiques ont inventé comme condition l’appartenance à leurs croyances, ainsi que l’observance stricte des rites alimentaires et sexuels du temple. Alors que les protestants contemporains de Smith insistaient sur la foi seule, le père de l’hérésie a imposé à ses adeptes le contraire : les œuvres (mormones) à tout prix.

Les chrétiens définissent le salut en fonction de ce dont nous sommes sauvés. Nous sommes sauvés du péché et des conséquences du péché : la mort. Les chrétiens estiment qu’être sauvé, justifié, sanctifié et recevoir la vie éternelle par la grâce de Dieu, sont des choses liées entre elles. La Bible ne les sépare pas : cf. Romains 5, « Etant donc justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ  » (et suivants).

Recevoir le salut, pour le christianisme orthodoxe, consiste à rechercher l’équilibre entre le don de la foi et les œuvres de notre vie. Rechercher l’exaltation est contraire à ce que le Christ a enseigné : s’humilier nous-mêmes, reconnaître notre péché, et implorer Dieu pour sa miséricorde et son pardon.

Quelle espérance pour l’humanité ?

En plus d’être incrédules, les mormons sont misogynes. L’espérance pour un homme est d’atteindre le rang de Dieu le Père, grâce à ses œuvres, « l’exaltation » et la progression éternelle. Pour la femme, son espérance consiste à se marier avec un mormon lors d’une cérémonie du temple, pour obtenir « l’exaltation ». Les femmes qui seraient mariées à des non-mormons obtiennent un mariage par procuration posthume au temple, pour être exaltées dans l’au-delà avec de véritables mormons.

Le Dieu des chrétiens est le Créateur de tout l’univers, de tous les mondes, pas seulement de notre planète. Il a fait l’homme pour Lui-même et à Sa propre image pour être en communion avec Lui et entrer dans l’amour de la Sainte Trinité. Quand l’homme a gâché l’image de Dieu dans son être propre par le péché, Jésus Se fit chair, prenant la nature humaine pour Lui-même. Il mourut pour nous sauver du péché et de la mort, afin que nous puissions retourner en communion avec Dieu et partager l’amour de la Sainte Trinité. Notre espérance, c’est d’être avec Dieu, pas d’être Dieu (Gn 1-3 ; Phil 2 : 5-11).

Qu’est-ce que le Ciel ?

Les mormons affirment que personne n’est damné. Tout le monde bénéficie de l’accès du paradis, mais pas du même : il en existe trois sortes chez les hérétiques.
Le premier, le plus bas, rassemble les pécheurs notoires, dont les péchés sont toutefois pardonnés. Ils ont le Saint-Esprit pour compagnie. Le second accueille les non-mormons moins mauvais que les autres, et les mormons insuffisants. Jésus-Christ est parmi eux. Enfin, le troisième, le plus élitiste, est réservé aux pieux mormons, qui deviendront des hommes-dieux avec leurs épouses.

Les chrétiens orthodoxes voient dans le seul et unique paradis céleste la demeure des âmes justes auprès de Dieu. L’homme étant libre, les âmes qui refusent l’Amour s’auto-excluent en enfer.

Qu’est-ce que la Parole de Dieu ?

Tout comme les musulmans, les mormons croient que la Bible a été déformée, et que sans le Livre de Mormon, l’Évangile n’a pas atteint sa plénitude.
Les hérétiques précisent qu’ils croient que la Bible est la parole de Dieu « dans la mesure où elle est traduite correctement » (Articles de foi). Pour eux, la traduction correcte donne lieu à une série d’ajouts, comme au sujet de la Sainte-Cène : sous la plume de Joseph Smith, l’évangile de Matthieu devient « Prenez, mangez ; ceci est en souvenir de mon corps que je donne en rançon pour vous… Ceci est en souvenir de mon sang… qui est répandu pour ceux qui croiront en mon nom, pour la rémission de leurs péchés » (Et non « Ceci est mon corps, ceci est mon sang »).

À noter que cette transformation précise des paroles du Christ lors de l’institution de l’Eucharistie est commune aux mormons et aux Témoins de Jéhovah, ainsi que leur négation de la Trinité.

Selon les chrétiens orthodoxes de toutes les époques, la Bible est la Parole unique de Dieu (II Timothée 3:16 ; Hébreux 1:1,2 ; II Pierre 1:21), et elle demeurera éternellement (I Pierre 1:23-25).

Quelles mœurs adopter ?

Issus d’un milieu puritain protestant, Joseph Smith et ses disciples ont transposé ses règles strictes envers l’alcool, les boissons telles que le thé ou le café, la ségrégation sexuelle et la dîme. Pour les mormons (comme pour certains fondamentalistes chrétiens), tout usage de l’alcool est interdit par la Bible.

La mixité homme-femme n’est pas une source d’enrichissement, mais de tentations, d’où les insistances des autorités religieuses mormones sur une « chasteté », qui est davantage une méfiance du corps qu’un accueil de la sexualité.

Les chrétiens orthodoxes savent que Jésus n’était pas hostile à l’alcool. Les Hébreux consommaient du vin pour leur repas. Si le Sauveur et les Apôtres ont pu être accusés à tort par leurs ennemis d’être des ivrognes (Matt. 11:19), c’est bien parce qu’ils consommaient des boissons alcoolisés, ne serait-ce que pour la pâque juive. De plus, sans vin, que devient le miracle de Cana ? En outre, saint Paul évoque l’usage médicinal du vin (1 Tim. 5:23). Les mormons et les fondamentalistes confondent l’usage abusif de vin, que la Bible condamne (1 Cor. 5:11 ; Gal. 5:21 ; Éph. 5:18 ; 1 Pierre. 4:3), et sa consommation modérée.

Quant à la pratique de la dîme chez les mormons, qui représente 10 % du revenu du fidèle, l’Ancien Testament dont ils sont si fiers la remet en question. Dieu dit : « Alors tu échangeras ta dîme contre de l’argent, tu serreras cet argent dans ta main, et tu iras au lieu que l’Éternel aura choisi. Là tu achèteras avec l’argent tout ce que tu désireras, des brebis, du vin ou des liqueurs fortes, tout ce qui te fera plaisir. Tu mangeras devant l’Éternel et tu te réjouiras, toi et ta maisonnée » (Deut. 14:25-26).

Il est aussi dit : « Donnez des liqueurs fortes à celui qui périt et du vin à celui qui a de l’amertume dans l’âme ; qu’il boive et oublie sa pauvreté et qu’il ne se souvienne plus de ses peines » (Prov. 31:6–7).

Tertia Pars, l’étude de la personne du Christ.

Qui est le Christ ?

Observons d’abord certaines déclarations de responsables hérétiques à Son sujet :

« Le Christ traditionnel dont ils parlent (les chrétiens) n’est pas le Christ dont je parle » (Gordon B. Hinckley, président de l’Eglise des SDJ de 1995 à 2008).

« Nous adorons le Père et lui seulement, personne d’autre. Nous n’adorons ni le Fils, ni le Saint-Esprit (…) Le Seigneur Jésus fut une des personnes crées et en esprit dans la préexistence et en la chair dans la mortalité » (Bruce R. McConkie, apôtre et théologien mormon de la fin du XXe siècle).

« Il fut le fils littéral et biologique d’un Père immortel et tangible et de Marie, une femme mortelle (…) Je sais que Dieu est un être avec un corps, des parties et des passions » (Joseph Fielding Smith, président de 1970 à 1972).

« Jésus était l’époux aux noces de Cana en Galilée » (Orson Hyde, apôtre mormon et compagnon du prophète Smith à ses débuts).

Bref. Nous n’irons pas plus loin dans le délire spirituel.

Le Jésus mormon est né « spirituellement » de l’union au paradis entre Dieu le Père et de son épouse céleste. Il fut ensuite né sur Terre de Marie, après des relations sexuelles entre elle et Dieu. La conception virginale du Sauveur, doctrine commune à tous les chrétiens, passe aux oubliettes des fantasmes de Smith. Point important : il est l’esprit frère de Lucifer (Satan), qui lui, s’est révolté contre leur même Père (Principes de l’Évangile, pp. 17-18).

La réponse chrétienne orthodoxe est la suivante : dès lors que Dieu le Père n’a pas de corps physique, il ne peut pas féconder Marie par une union charnelle (2 Cor 6:18 ; Jn 4:24). Jésus s’incarna par la puissance de l’Esprit Saint et naquit de la Vierge Marie (Mat 1:23 ; Luc 2 : 30-35), ce qui nie le prophète successeur de Smith, Brigham Young.

Dieu le Père n’a aucune femme au ciel. Jésus est le fils éternel et bien-aimé de Dieu, un avec le Père (Jn 1 : 1-18). Il n’est pas le frère aîné de Lucifer. Il est le frère aîné, ainsi que le Seigneur et Dieu, de ceux qui sont nés de nouveau dans l’eau et l’Esprit, fils adoptifs de Dieu (Jn 3 : 3-17 ; Rom 8 : 14-17, 29).

Les mormons rejettent l’incarnation. Or, sans elle, la foi chrétienne est ruinée.

Qu’est-ce que l’Eglise ?

Les mormons croient que l’Église des SDJ est l’Église du Christ « restaurée », suite à l’« apostasie totale » des successeurs des Apôtres, et en particulier de l’Église catholique romaine (ce raisonnement se retrouve chez les chrétiens fondamentalistes, avec pour « restauration » la Réforme protestante).
Comme Joseph Smith prétendit l’avoir entendu de Dieu, « toutes les Églises sont dans l’erreur », sauf la sienne.

La plus simple des réponses chrétiennes orthodoxes pour rejeter cette prétention des mormons de l’« apostasie totale » de l’Église est qu’elle ferait du Christ un menteur. Le Sauveur a en effet promis à Pierre : « Eh bien ! moi je te dis : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les Portes de l’Enfer ne tiendront pas contre elle » (Mt 16:18).

La Bible explique clairement que l’Église que le Christ a établie est sûre, parce que le Christ, Dieu Lui-même, est invincible. Il a promis d’être avec Son Église : « Et voici que je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28:20).

Certes, la Bible nous met en garde contre des périodes d’apostasie : « Je sais, moi, qu’après mon départ il s’introduira parmi vous des loups redoutables qui ne ménageront pas le troupeau, et que du milieu même de vous se lèveront des hommes tenant des discours pervers dans le but d’entraîner les disciples à leur suite » (Actes 20:29-30).

Cependant, ces mêmes passages nous indiquent que cette apostasie générale arrivera « à la fin des temps ». D’ici là, le Royaume de Dieu « est un empire éternel qui ne passera point, et son royaume ne sera point détruit » (Daniel 7:14). De même que l’ange annonça à Marie : « Voici que tu concevras dans ton sein et enfanteras un fils, et tu l’appelleras du nom de Jésus. Il sera grand, et sera appelé Fils du Très-Haut. Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père ; il régnera sur la maison de Jacob pour les siècles et son règne n’aura pas de fin » (Luc 1:30-33).

L’Église fondée par le Christ, confiée aux disciples et au premier d’entre eux, Pierre, ne peut pas être débordée et détruite par l’apostasie, malgré toutes ses difficultés. La racine est solide, parce qu’elle est bénie, ce qui n’est pas le cas de la communauté mormone (Romains 11,16 : « Or, si les prémices sont saintes, la masse l’est aussi ; et si la racine est sainte, les branches le sont aussi. »)

Conclusion

Comme j’espère vous l’avoir fait comprendre, le mormonisme ne peut être considéré comme faisant partie du christianisme, tant ses doctrines s’opposent aux nôtres.

Nous avons affaire à une hérésie, qu’il faut éradiquer par l’évangélisation, l’exemple de nos vies, la charité (ce qui exclut les lynchages sur Internet, certes plus doux que ceux réservé à Joseph Smith et ses disciples par des paysans de l’Illinois), le dialogue (pour convertir) et la fermeté dans nos principes et notre foi.

L’Église des SDJ est en outre un mouvement religieux récent, qui peut difficilement prétendre à l’universalité du fait de ses particularités contraignantes et surtout de son essence fondamentalement américaine.
Les mormons sont des mutants de l’esprit américain. Tout dans leur vocabulaire, leurs leçons religieuses, leur culte de la jeunesse, leurs méthodes de formation, leurs apports culturels exogènes présentés comme des vérités de foi, tient du style et de la vision du monde yankees.

Alors que les catholiques ont pour vicaire un pape élu par ses pairs, « citoyen du monde » dans le sens plein du terme, pasteur en communion avec les évêques, les mormons disposent à leur tête d’un club fermé strictement américain, composé d’un Collège des Douze Apôtres, rémunérés aux salaires des managers du religieux qu’ils sont, et d’un président-prophète, incontesté et dont la personnalité transforme le contenu de la foi mormone.

Non, les mormons ne sont pas chrétiens, même s’ils tentent, afin de convertir de nouveaux fidèles, de prouver leur appartenance au christianisme. Depuis les années 1980, on observe aux États-Unis une tendance de la hiérarchie de l’Église des SDJ à se rapprocher des protestants évangéliques, sur la base de valeurs morales communes (vie, famille, mariage, etc.). Cette évolution conduit les mormons à taire volontairement les innovations théologiques de Joseph Smith et de sa myriade de planètes, et à se recentrer sur la figure du Christ. Toutefois, la situation américaine, propice au syncrétisme religieux, n’est pas la même qu’en Europe, et les hérétiques ne sont pas officiellement revenus sur leurs doctrines non-chrétiennes.

Aux catholiques conséquents qui ont eu la patience de me le lire, sachez qu’annoncer le Christ au monde et dialoguer ne fait pas de vous une chiffe molle ou un hérétique. Malheur à moi si je n’annonce pas l’Évangile ! Si, en tant que chrétien, je n’arrache pas l’œil de mon ennemi, j’ai à rester fidèle à cette foi qui me fait vivre, et que j’ai tenté d’expliquer ici.

Aux mormons qui me liraient, je vous exhorte à cesser de vous proclamer chrétiens. Vous vous mentez à vous-mêmes et aux autres ; reconnaissez que nous n’avons pas la même croyance, que si nous pouvons et devons discuter, vous ne serez jamais considérés comme des frères dans la foi.

Extirpez-vous de la boue théologique de Joseph Smith, et revenez à l’eau pure de la Bible. Renouvelez votre regard sur Jésus. Si vous l’aimez, vous ne pouvez l’aimer, à ce stade, que malgré votre mormonisme.

Imaginez que je souhaite me présenter en tant que mormon. Car, après tout, j’aime Jésus, tout comme les autres membres de votre communauté, me répondrez-vous.

Cependant, je ne crois absolument pas que Joseph Smith ait été un prophète envoyé par Dieu. Je ne crois pas que le Livre de Mormon soit divinement inspiré. Je ne crois pas que Dieu fut un homme qui a évolué vers la divinité.
Je ne crois pas qu’il existe au Ciel trois paradis différents, selon notre vie sur terre ; pas plus que je ne crois qu’un être humain peut s’élever jusqu’à la divinité, même en étant « exalté ».

Je ne crois pas que Dieu, Jésus et le Saint-Esprit soient trois divinités séparées.

Je crois que Jésus-Christ était un avec le Père.

J’honore enfin la Vierge Marie, Mère du Sauveur, Mère de Dieu, exemple de foi et moyen de nous mener à Jésus, comme tous les saints.

Que me répondriez-vous ? Que je suis tout de même mormon, bien que je ne croie pas aux doctrines fondamentales de l’Église des SDJ ? Probablement non, et vous auriez raison.

Comment donc pouvez-vous vous attendre à ce que les chrétiens acceptent le mormonisme comme faisant partie du christianisme ? Puisque l’Église des SDJ ne se conforme pas aux doctrines les plus fondamentales que les chrétiens confessent, elle ne peut pas être chrétienne. Tout comme vous ne pouvez honnêtement pas me considérer comme mormon.

Que l’Esprit-Saint, troisième personne de la Sainte Trinité, vous conduise vers la vraie lumière. Après, tout commence.

8 février 2012 Bougainville ,

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