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Aux paysans-soldats de Vendée

Aux paysans-soldats de Vendée
Lors que la Convention ordonna conscription,
Saint-Florent, réticent, mit tout l’Ouest en action,
Qui enleva bientôt ses princes à leur torpeur,
Leur mandant de combattre la nouvelle Terreur.
Chaque paroisse et canton, au rythme des tocsins,
Assembla sous peu une troupe de paysans,
Qui offrit leur colère aux braves capitaines ;
Laboureurs, éleveurs, colporteurs, artisans,
Cultivateurs, et charrons de toutes les peines,
Suivirent en hâte nobles et chefs, leurs ainés en ordre,
Avec plus de fougue encor ceux qu’ils clamaient Saints,
Lescure en Poitou, Cathelineau en Anjou,
Armée laborieuse qui frappait sans démordre
Les Bleus dans le Bocage toujours mis à genoux.
Tout recoin des Marais, chaque fossé de Gâtine
Abritaient dans l’ombre ces courageux en guêtres,
Eux naguère sous l’horizon des sermons des prêtres,
Mais qui pour la première fois quittaient racines.

Pour leur gloire et malheur, ils laissèrent leurs bois ;
Terre travaillée sous le joug des jours en sueur,
Ils y revinrent fauchés, mêlés au sang des leurs.
Car Paris leur refusait rang de patriotes,
Cohortes de brigands par décret des despotes !
Pourtant leur Patrie, ô, c’était Dieu et le Roy.
Au général Turreau, Mercure de l’horreur,
Ils donnèrent tout, quoiqu’ils n’eussent rien sauf leur honneur :
Cortèges fumants de hameaux qui ne sont plus,
Malheureux chapelet de martyrs inconnus.
Scapulaires au cœur, héros chargeaient en tête,
Secondés par d’autres, qui mouraient comme des bêtes ;
Ceints non de lauriers, mais de mouchoirs de l’Adieu,
Les Blancs tombaient rouges dans le sillon des Bleus ;
Au-delà de la Loire, ils poussèrent leur foi
(Espoir déçu, hélas, le jeune Hoche les accule)
Et virent en Savenay leur humble crépuscule.
« Détruisez la Vendée » hurlait le Comité,
De Granville à Fontenay, de Machecoul aux Herbiers,
Les Paydrets librement y tracèrent une Croix,
La Liberté pour eux égalait les coutumes…
Comme tous grands de l’Histoire, la Vendée fut posthume.
Edouard Mouton-Digard

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