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À l’Enfant s’est substitué un gnome hideux...

Cette réflexion pourra être poursuivie par la lecture de cet article : J’attends une poupée pour Noël.

Ah, la magie de Noël… Les guirlandes dans les rues dès le 23 novembre, les calendriers de l’Avent bourrés de chocolat, les Pères Noël grotesques posant avec des enfants sur leurs genoux : ce grand enchantement des « fêtes-de-fin-d’année » qui vous prend en ce mois de décembre, c’est formidable ! Ça vous met la joie au cœur, avec l’envie de fredonner un bon petit air connu.
Pour lui, un peu moins. Ce malheureux s’est jeté du balcon intérieur d’un centre commercial après une course aux bottines, harcelé par sa petite amie durant cinq heures de boutiques. Il est mort sur le coup, et une autre agence de presse ajoute qu’il n’a abîmé qu’une devanture de magasin. Ouf.

Voilà le résultat d’une paganisation forcenée de Noël : on connaît chez nous la curée aux jouets affreux, aux DVD et autres bijoux hors de prix, le stress du « petit neveu à qui on ne sait pas quoi offrir », l’amabilité légendaire des vendeurs, la bestialité de certaines scènes de bataille pour le dernier jupon. Les Chinois ont fait mieux, ils ont le suicide spontané du traditionnel pauvre gars obligé de traîner ses frusques autour de présentoirs à souliers de marque. Il faut dire que ce pays, non chrétien, est l’un des premiers touchés par la maladie inoculée à la Solennité de la Nativité par l’Occident païen. Là-bas, point de vieux restes d’une ferveur populaire qui envoient à 19h30 les non-pratiquants à leur messe annuelle ; point de crèches, derniers symboles de la fragile joie d’une naissance cachée suivie de massacres infanticides, qui nous rendent ce mystère si précieux ; point de saint Nicolas encore, que de choses faisant contrepoids à la frénésie nombriliste du mois de décembre. Certes, eux n’ont pas McDonald et ses conseils frisant la tolérance. Ils n’ont pas Pierre Bergé et sa laïcité nihiliste et annihilante. Mais chez eux, Noël a tout d’une « idée chrétienne devenue folle », apportant la mort et la consternation en cette période où les gens s’efforcent de se croire heureux.

On voit, dans ce cas sordide, la révélation d’un état d’esprit incroyablement opposé à la joie de Noël :
• Le stress et l’humeur massacrante, fruits d’une longue maturation de l’égoïsme contemporain. Là où devraient régner sérénité, attente paisible et plongée dans la prière, la contemplation, l’homme se met à vouloir faire. Il doit faire, accomplir, s’agiter. Il en va de sa réputation. Combien de personnes aujourd’hui se sentent forcées d’offrir les meilleurs cadeaux dans les meilleurs emballages, montrant plus l’épaisseur de leur portefeuille que la réalité de leur amour ? Ce marathon aux chaussures montre bien l’angoisse qu’est devenue la fin de l’année pour ceux qui oublient qu’à l’origine, il n’y a pas les cadeaux, la dinde et le chocolat, mais le petit enfant de Bethléem.
• L’attitude de la jeune tortionnaire, qui accuse son compagnon de salir l’ « Esprit de Noël » tout en poussant l’esprit de consommation au bout de sa logique. La pauvre femme en est réduite, pour ressentir de la joie, à acheter compulsivement des montagnes d’accessoires inutiles pour elle-même. Là où la tradition des cadeaux était une expression de ce don gratuit et inespéré, permettant que les hommes se fassent le plaisir de la surprise, elle veut tout acheter elle-même. Faire les soldes frénétiquement n’est pas l’apanage de Noël, il suffit d’attendre qu’un magasin fasse un rabais sur ses invendus, le résultat est le même. Les cadeaux que nous nous offrons sont une image de ce bonheur si inattendu ; le Noël païen de ce couple était l’expression d’un vide qu’il fallait combler par la domination sur l’essence même du cadeau : l’offrande.
• Jésus est un enfant qui se donne, elle arrache des heures à un homme qui n’en peut plus. Jésus est un enfant qui reçoit l’or, la myrrhe et l’encens, elle fond sur des talons-aiguilles. Jésus est un enfant qui donne la Paix, elle ne gagne que le désespoir et le néant.

Notre monde nous offre ici l’image la plus pitoyable des antéchrists qu’il se donne pour compenser l’immense gouffre que son rejet de Dieu laisse dans son cœur, sommé de partir, insupportable qu’il est de gratuité. Les idoles auxquelles il s’accroche sont une pâle copie de ce que le cœur humain recherche vraiment. Pour paraphraser le prophète, nous pourrions écrire : « Au lieu de don, il y aura du stress ; au lieu de lait et de miel, du chocolat à en vomir ; au lieu de violet, du strass et des lampions ».
Prions pour que l’humanité retrouve le chemin que l’étoile, arrêtée au-dessus de l’étable, a montré vers le Sauveur fait Petit Enfant.

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